«Je suis tellement excitée d’avoir cette nouvelle opportunité», partage Megan Smith, actuellement inscrite en deuxième année du programme préparatoire aux sciences de la santé à l’Université de Moncton.
La jeune fille de 19 ans espère pouvoir faire partie des 20 premiers étudiants prince-édouardiens qui intègreront la nouvelle faculté de médecine en automne 2023 à l’Î.-P.-É. «L’Île est très spéciale pour moi, j’aimerais tellement y revenir pour y poursuivre mes études et devenir docteure», confie Megan, originaire de Kensington.
Réclamée depuis longtemps, une faculté de médecine va enfin ouvrir ses portes au sein de l’Université de l’Î.-P.-É., en partenariat avec l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador. Une place sur les 20 sera attribuée à une personne autochtone, mais aucune n’est à ce jour réservée à un ou une étudiante francophone.

Les futurs programmes mettront l’accent sur la médecine familiale et rurale, ainsi que sur la santé autochtone. Les quatre premières années, seuls des insulaires auront accès à cette faculté. Pour la suite, la direction a déjà annoncé réfléchir à l’accueil d’étudiants canadiens et internationaux.
20 000 insulaires sans médecin de famille
«C’est une excellente nouvelle, nous étions la seule province au pays qui ne formait pas ses propres praticiens», salue le Dr Herb Dickieson, ancien député néodémocrate à l’Assemblée législative de l’Î.-P.-É., qui milite pour la création d’une telle faculté depuis des décennies.

À l’heure actuelle, il n’y a que dix places disponibles en médecine dans deux établissements postsecondaires en région Atlantique pour les étudiants de l’Î.-P.-É.
Selon le Dr Herb Dickieson, former des docteurs à l’Île permettra de lutter efficacement contre la pénurie sans précédent dont souffre la province.
Aujourd’hui, 20 000 insulaires n’ont pas de médecin de famille, soit près de 13 % de la population provinciale. D’après le classement de l’Institut Fraser, le délai d’attente pour voir un spécialiste est deux fois plus long à l’Île-du-Prince-Édouard que la moyenne canadienne.
Ça va faire la différence, les jeunes qui étudieront à l’Université de l’Î.-P.-É. seront plus enclins à rester après leurs études, car ils connaitront le fonctionnement du système de santé et des autorités sanitaires.
129 000 millions de dollars à trouver
Un avis partagé par Megan Smith : «Je me sentirai plus à l’aise pour exercer dans la province si j’obtiens mon diplôme ici». La jeune fille s’interroge néanmoins sur les frais de scolarité. «J’espère qu’il y aura des aides spécifiques pour les étudiants comme moi qui viennent de l’Île, qu’on aura des frais moindres», partage-t-elle.
L’Université de l’Î.-P.-É. a par ailleurs annoncé qu’elle augmentait de 18 le nombre de places en sciences infirmières. Son centre de santé et de bienêtre sera également agrandi et en mesure de fournir des services à près de 10 000 patients.
Pour mener ces projets à terme, l’Université a besoin de 129 M$ au cours des six prochaines années. Le gouvernement provincial fournira la plus grande partie de l’argent, mais l’établissement postsecondaire devra collecter des fonds supplémentaires.
«On a également besoin du soutien du fédéral, sans cela, on aura du mal», insiste le Dr Herb Dickieson.