Olli, c’est son petit nom, pourra embarquer huit passagers à une vitesse maximale de 20 km/h. Pour le moment, un technicien est aux commandes pour cartographier et programmer l’itinéraire. Il faudra donc patienter jusqu’en novembre pour se laisser gratuitement transporter par ce véhicule pas comme les autres.
En raison de la COVID-19, seulement quatre passagers tous du même foyer pourront y embarquer. Ils devront réserver leur place en ligne. Au début, un agent sera présent à bord pour reprendre le contrôle du véhicule si besoin.
Désenclaver un quartier
Cette «petite boite» de deux mètres sur quatre reliera la gare de Rouge Hill au quartier de West Rouge, en empruntant l’avenue Lawrence Est. À noter que l’itinéraire sera raccourci en fin de semaine.
Circulant aux heures de pointe, avec des horaires calibrés sur ceux des trains GO, cet essai a été pensé pour combler les lacunes actuelles du système de transport en commun. Le quartier se situe en effet hors de la zone de desserte de la TTC, soit un rayon de 400 mètres. L’idée est d’inciter les habitants à délaisser leur voiture pour se rendre à la gare.
Les caractéristiques du quartier, compatibles avec les limites techniques d’Olli, y ont rendu l’essai possible, avec notamment une faible densité de circulation ; l’absence de passages à niveau et d’écoles ; des espaces aménageables ou déjà disponibles pour l’embarquement des passagers ; ainsi que de la place pour le stationnement du véhicule et la recharge de ses batteries.
Transports autonomes, transports du futur?
Électrique, accessible aux personnes handicapées via une rampe dépliante et des annonces sonores et visuelles, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur… Cette navette répond aux préoccupations politiques d’aujourd’hui. Mais s’agit-il d’une technologie suffisamment mature? Quel est son potentiel pour les transports en commun de demain?
La TTC l’assure, l’objectif de cette expérimentation est de mieux comprendre le fonctionnement de cette technologie, son potentiel pour des utilisations futures… Mais aussi, les changements requis pour l’intégrer au système de transport public existant.
Dans l’immédiat, il n’est pas question de rendre ce service permanent ou de l’étendre davantage.
Olli à l’épreuve de l’hiver
Comment les conditions hivernales les plus rigoureuses affecteront-elles les performances d’Olli? Il s’agit de l’une des questions les plus importantes. Cet essai devra y répondre.
L’équipe du projet se montre plutôt confiante à cet égard. Les connaissances actuelles suggèrent qu’Olli peut fonctionner dans des conditions météorologiques variées, même sous la neige.
Cependant, «les fortes pluies, la neige abondante et le brouillard pourraient impacter l’efficacité des radars et LiDars (mesure de la distance par lasers), rendant impossible la conduite autonome».
Ce risque semble pris très au sérieux. «La météo sera surveillée de très près. La navette pourrait être mise hors service si les conditions climatiques sont jugées dangereuses», assure M. Holmes.
De son côté, le froid impactera très probablement les batteries du véhicule. «Nous savons que l’autonomie des batteries peut être réduite à cause des basses températures. Pour atténuer ce problème, l’entrepôt de stockage d’Olli est chauffé. Néanmoins, le rayon d’action de la navette sera peut-être limité quand les températures descendront en dessous de zéro», avertit l’équipe.
Faire adopter la navette autonome
Cependant, les obstacles pour étendre l’usage de cette technologie de transport autonome ne sont pas que techniques. Un autre défi se dresse sur le parcours d’Olli : la présence de l’engin dans les rues de West Rouge ne fait pas l’unanimité.
Le projet a suscité un mélange de curiosité et d’appréhension dans le quartier. Comme le montre le sondage issu de la consultation publique de 2019, si 78 % des répondants appuyaient le projet, 44 % avaient des préoccupations quant à l’aspect sécuritaire du véhicule.
Pas assez rapide, ni suffisamment efficace pour délaisser la voiture, d’une lenteur susceptible de causer des embouteillages aux heures de pointe… Les plus sceptiques ne voient pas Olli d’un très bon œil. Pour certains, cette expérimentation serait même un gaspillage d’argent public.
La TCC dit entendre ces critiques. Elle assure en retour que l’essai permettra justement de mieux cerner ces préoccupations et d’identifier le niveau de performance requis pour exploiter ce type de transport autonome à l’avenir. La perception publique d’Olli, pour ses utilisateurs ou pour les autres usagers de la route, sera prise en considération à l’issue de l’essai.
L’expérimentation sur route se poursuivra jusqu’en février 2022… à moins que la météo n’en décide autrement.