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le Vendredi 5 novembre 2021 15:10 Société

Immigration et francophonie : Quand intégration rime avec culture

L’ensemble des 14 femmes qui prennent part aux Monologues des confinées, dont la vidéo sera présentée le 13 novembre prochain au Centre des arts et de la culture de Dieppe. — Courtoisie CAFi
L’ensemble des 14 femmes qui prennent part aux Monologues des confinées, dont la vidéo sera présentée le 13 novembre prochain au Centre des arts et de la culture de Dieppe.
Courtoisie CAFi
IJL LE MONITEUR ACADIEN (Nouveau-Brunswick) – Les organismes de la région ont bien compris que pour intégrer les nouveaux arrivants, il faut impérativement les mêler à la culture locale, tout en faisant de la place pour leurs propres us et coutumes. Du CAFi au théâtre l’Escaouette, en passant par la municipalité de Cap-Pelé, l’Acadie du Sud-Est ne manque pas de créativité pour inclure les immigrants nouvellement établis à ses célébrations culturelles.
Immigration et francophonie : Quand intégration rime avec culture
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Depuis 2013, le Centre d’accueil et d’accompagnement francophone des immigrants du Sud-Est du Nouveau-Brunswick (CAFi) organise le projet artistique «Galaxie» : durant six mois, des femmes de la région — qu’elles soient immigrantes ou canadiennes — explorent diverses formes d’art, de la couture au théâtre en passant par la peinture sur porcelaine.

En 2019, en compagnie d’artistes de la région, 16 femmes se sont rassemblées. Certaines sont nées ici, d’autres arrivent de l’Asie, de l’Afrique ou de l’Amérique latine.

Elles ont créé des gants, des robes, des jupes, des chapeaux ou des foulards pour représenter, à travers un vêtement ou un accessoire, ce que représente l’arrivée dans un nouveau pays ou le retour au pays après un voyage.

Les fruits de cette édition, qui avait pour thème «Premières impressions», ont été présentés lors d’un défilé de mode à la fois touchant et ludique.

Cette fois, le CAFi a repris le projet pour une nouvelle édition qui culminera le 13 novembre à 19 h au Centre des arts et de la culture de Dieppe (CACD). Ce sera l’occasion d’entendre la production vidéo de Monologues des confinées, avec la voix et les mots de 14 femmes, dont 11 ne sont pas nées au Canada.

Elles exploreront la notion de confinement, couvrant aussi bien celui imposé par la COVID-19 que «tout autre confinement que nous nous imposons, volontairement ou pas, ou celui dans lequel les autres autour de nous nous enferment».

Tisser des liens

Pendant presque six mois, ces femmes «ont pris du temps pour elles», comme l’explique Stéphanie Tardif, gestionnaire de l’équipe Culture et loisirs au CAFi. Depuis huit ans, c’est elle qui coordonne le projet.

Les participantes ont suivi divers ateliers d’écriture et de jeu avec les artistes Caroline Bélisle et Bianca Richard, puis le produit final a été filmé par la boîte de production monctonienne Atlas Films.

Courtoisie CAFi

Arrivée en pleine pandémie il y a 14 mois de son Luxembourg natal avec son conjoint et son fils, Jessica Schlungs est ravie d’avoir participé à l’expérience de Galaxie : «Le contact avec les artistes a été vraiment chouette, plein de bienveillance et de tolérance envers les femmes du groupe.»

La famille de Jessica Schlungs a décidé de venir s’installer à Dieppe lorsque son fils de 12 ans s’est fait diagnostiquer un trouble développemental du langage, anciennement appelé «dysphasie».

Une cousine de Jessica, installée à Montréal, lui a vanté la qualité de certains soins de ce côté-ci de l’Atlantique. Après le déménagement, le garçon de Jessica a finalement été diagnostiqué comme ayant un trouble du spectre de l’autisme, et il est maintenant pris en charge par son école.

Courtoisie CAFi

Pour la maman, c’est nettement mieux qu’au Luxembourg ou en Belgique, où elle-même est allée à l’école : «Ici, on va à son rythme. Là-bas, il faut être dans un moule.»

Quand elle a su que la nouvelle édition du projet Galaxie explorerait les différentes facettes du confinement, elle a rapidement voulu participer. «C’était une façon pour moi de pouvoir m’exprimer, d’être avec d’autres femmes immigrantes. Bref, de démarrer une nouvelle intégration.»

S’enrichir mutuellement

En matière de culture, le travail du CAFi consiste souvent à «mettre un visage sur l’immigration», comme l’explique Stéphanie Tardif.

Outre l’événement Galaxie, elle et son équipe de six employés proposent également des activités comme «Ciné du monde», où un film d’un pays étranger est présenté, en partenariat avec le CACD.

Les municipalités ne sont pas non plus en reste : à Cap-Pelé, Justin LeBlanc, directeur des événements et des communications, mentionne «qu’en partenariat avec le CAFi, nous avons organisé des événements ici, dans le passé,» visant à intégrer les nouveaux arrivants.

Nombre de ces activités sont d’ordre culturel, comme les dîners-causeries «Un midi, un pays!», au cours desquels on découvre une contrée grâce à une personne qui en est originaire.

M. LeBlanc raconte aussi que la fête mexicaine «Día los Muertos» a été soulignée pour la première fois en 2019 à Cap-Pelé. «Dans le futur, nous prévoyons en faire davantage, mais la pandémie a ralenti nos efforts», tient-il à préciser.

Institution reconnue depuis plusieurs décennies, le théâtre l’Escaouette fait aussi une place aux nouveaux arrivants. Sa directrice artistique, Marcia Babineau, note que depuis quelques années le public se fait de plus en plus multiculturel.

Courtoisie CAFi

Celle qui était jusqu’en juin dernier également directrice du Département d’art dramatique de l’Université de Moncton n’hésite pas non plus à faire appel à ses anciens étudiants en théâtre, nés sur d’autres continents, pour se joindre aux spectacles de l’Escaouette.

Comme immigrant de service? La question fait réagir la co-directrice du théâtre : «Ça n’a rien à voir! Le métier, c’est d’interpréter. Je les engage parce qu’ils sont bons.» Marcia Babineau constate que ces jeunes artistes venus de nouveaux horizons apportent une diversité, mais aussi un professionnalisme à la scène théâtrale locale.

Elle salue au passage ces gens qui s’intègrent à la vie sociale et politique de la région. Sans se prononcer à leur place pour savoir s’ils se sentent Acadiens, elle constate toutefois «qu’ils sont très heureux de devenir Canadiens».

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