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le Dimanche 31 octobre 2021 12:31 Société

Immigration et francophonie : les défis du monde du travail

Pour faire rouler les usines, les travailleurs étrangers sont d’autant plus essentiels, mais encore faut-il que toute une communauté veille à leur intégration. — Mapbox - Unsplash
Pour faire rouler les usines, les travailleurs étrangers sont d’autant plus essentiels, mais encore faut-il que toute une communauté veille à leur intégration.
Mapbox - Unsplash
IJL LE MONITEUR ACADIEN (Nouveau-Brunswick) – Les régions acadiennes n’échappent pas à la pénurie de main-d’œuvre qui frappe l’ensemble du Canada, un phénomène amplifié par la pandémie. Pour faire rouler les usines de la région, les travailleurs étrangers sont d’autant plus essentiels, mais encore faut-il que toute une communauté veille à leur intégration.
Immigration et francophonie : les défis du monde du travail
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«Plusieurs usines dans la transformation de poisson dans la région de Cap-Pelé sont des vecteurs d’immigration», souligne Nat Richard, directeur général de l’Association des transformateurs de homard du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

Souvent parrainés par les employeurs eux-mêmes, ces travailleurs étrangers ont aussi une incidence positive sur les municipalités : «L’assiette fiscale augmente en raison des constructions résidentielles», observe M. Richard.

Une main-d’œuvre convoitée

Pour certaines communautés comme Cap-Pelé, où la population est vieillissante et la main-d’œuvre se faire rare, accueillir des travailleurs étrangers est une question de survie.

Ce n’est pas Joanne Losier qui va dire le contraire ; la gestionnaire des affaires corporatives et des ressources humaines de l’entreprise Cape Bald Packers, une usine de transformation de crabes, de homards et de moules à Cap-Pelé, précise que «près de la moitié de nos travailleurs sont d’origine étrangère».

Cela comprend une bonne cinquantaine de travailleurs qui sont résidents permanents, plus une centaine de travailleurs saisonniers.

Venus principalement du Mexique, des Philippines et de la Jamaïque, mais aussi d’Haïti, du Maroc ou de la Tunisie, ces nouveaux arrivants viennent s’intégrer aux employés acadiens. «Sans eux, il y aurait trop de pression sur les travailleurs locaux», constate Joanne Losier.

C’est une main-d’œuvre appréciée, et les usines n’hésitent pas à tenter de recruter celle de leurs compétiteurs. En comptant le Grand-Barachois, la région de Cap-Pelé compte au moins trois usines de transformation ainsi que de nombreuses boucanières. De l’aveu de la gestionnaire en ressources humaines, Cape Bald Packers n’a pas lésiné sur les conditions de travail et le salaire afin de garder ses employés.

De son côté, Nat Richard mentionne que dans certaines entreprises, en raison de «cette minorité grandissante» que sont les travailleurs étrangers, les usines essaient de trouver des superviseurs ou des aides aux superviseurs qui joueront aussi le rôle de traducteurs. «Au niveau de l’affichage, ça se fait souvent dans trois langues : le français, l’anglais et l’espagnol», précise le directeur.

Un défi communautaire

«Les faire venir, c’est une chose, mais les intégrer, c’est aussi une autre chose», tient à préciser Joanne Losier.

«Tout le monde a un rôle à jouer et tous les rôles sont importants», poursuit-elle. Voilà pourquoi un organisme comme le Centre d’accueil et d’accompagnement francophone des immigrants du Sud-Est du Nouveau-Brunswick (CAFi) semble plus qu’apprécié au sein de la communauté.

L’organisme possède deux bureaux ; un dans le Grand Moncton et l’autre dans la région de Shediac, Beaubassin-Est et Cap-Pelé.

À Moncton, l’agent d’accueil et d’établissement Mehdi Soudi organise notamment des cercles de conversation en anglais et en français. Selon lui, c’est principalement cette activité qui permet aux gens de maintenir un certain niveau de français puisque «80 ou 90 % de nos participants travaillent en anglais». À l’occasion, il partage des offres d’emploi avec les participants.

Courtoisie CAFi

Pour sa collègue Cynthia Cikunda, qui travaille à l’autre bureau du CAFi, ces cercles de discussion — qui n’ont présentement pas lieu — permettent aux travailleurs étrangers d’être plus performants en français et de tisser des liens avec leurs collègues acadiens.

L’autre raison pour laquelle les nouveaux arrivants souhaitent apprendre le français, ce sont les enfants. L’agente d’accueil, d’établissement et de connexions communautaires, elle-même d’origine burundaise, explique que la seule école élémentaire de Cap-Pelé, l’école Donat-Robichaud, est francophone.

Quand arrive l’heure des devoirs, le parent qui ne parle pas français s’aperçoit bien qu’il ne peut pas aider son enfant. D’après Cynthia Cikunda, cet aspect motive grandement les travailleurs étrangers à vouloir apprendre la langue.

Courtoisie CAFi

Pour elle comme pour Joanne Losier, puisque les Acadiens sont «foncièrement accueillants», il importe d’avoir l’esprit de partage et de miser sur l’interculturalisme.

Pour Nat Richard, si l’apprentissage du français peut parfois être plus difficile pour un travailleur de 30 ou 40 ans, «ce qui est surtout important, c’est que les enfants apprennent le français. C’est surprenant comme ils apprennent vite. Ils sonnent comme des petits Chiacs!»

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