«Est-ce que tu te feras vacciner avec moi?» demande la Annie Buscemi dans la vidéo propulsée par l’organisme. «Même si je n’ai pas encore eu le vaccin contre la COVID-19, je prévois de le recevoir lorsqu’il sera disponible pour moi. Je crois qu’il nous aidera énormément pour protéger nos communautés, nos ainés et nous-mêmes», affirme-t-elle dans la vidéo.
Des outils modernes, de l’influence à l’action
Avec plus de 12 000 abonnés sur son compte TikTok, le réseau social privilégié des adolescents, la jeune femme parvient à atteindre de nombreux utilisateurs. Une façon pour Pauktuutit de passer un message et de cibler les jeunes.
En recrutant Annie Buscemi, l’organisme tente de rejoindre une audience précise, parfois insensible aux messages délivrés dans les médias traditionnels. «De nombreux jeunes pensent qu’ils sont invincibles et qu’ils ne tomberont pas très malades même s’ils contractent la COVID-19», se désole Rebecca Kudloo, la présidente de Pauktuutit.
«Étant donné que les jeunes Inuits [peuvent maintenant] se faire vacciner, Pauktuutit a estimé qu’il était important de faire participer les jeunes femmes modèles, comme Annie Buscemi, qui peuvent parler directement à leurs pairs et peut-être à d’autres jeunes à travers le Canada aussi, car aucun de nous n’est en sécurité jusqu’à ce que nous soyons tous en sécurité», martèle la présidente.
La spécialiste en administration et marketing, Carolie Doyle, a consacré son mémoire à l’étude de au phénomène des influenceurs. Elle explique : «Les influenceurs ont la capacité de maximiser la diffusion de l’information ou d’un message à travers leur réseau personnel. Ils engendrent du bouche-à-oreille extrêmement crédible puisque les informations sont souvent intégrées de manière transparente dans leur quotidien et publiées sur leur compte». C’est donc par cette écoute «singulière» de leur auditoire que «l’authenticité et la crédibilité associées à leurs actions facilitent la transmission du message», poursuit-elle.
Une stratégie similaire a été déployée au Canada lors des différentes actions durant la pandémie. En témoigne l’appel lancé par Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique du Québec, «j’aimerais […] que les influenceurs, que ce soit sur YouTube, Instagram et autres, embarquent dans le mouvement et essaient de faire passer le message eux aussi».
Transparence et considération
La campagne de vaccination menée au Nunavut doit nécessairement être mise en parallèle avec le contexte historique du Nord et des populations inuites. Rebecca Kudloo rappelle que les réticences de la communauté sont «nombreuses» notamment à cause «des mauvais traitements subis dans le passé», mais aussi face au «racisme systémique» auquel les communautés autochtones et inuites sont confrontées dans le système de santé canadien.

De son côté, Annie Buscemi déclare qu’elle souhaitait «encourager particulièrement les jeunes Inuits à se faire vacciner» et s’est dite «honorée» de participer à cette campagne de sensibilisation.
Pauktuutit Inuit Women of Canada a obtenu une subvention de 340 000 $ de Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC). Avec celle-ci, elle prévoit de mener cette campagne pour les six prochains mois en incluant des annonces dans les journaux et à la radio, ainsi qu’une campagne sur les médias sociaux à l’intention des jeunes et la distribution de 5000 masques dans l’Inuit Nunangat et les centres urbains.