C’est à la suite d’une visite de Shirley Welling, de Shédiac, qui voulait apprendre à faire des couvertures en tricot de type «afghan», en tissage suédois, que Jackie LeBlanc, de Memramcook a entendu parler du projet de fabrication de robes. «En voyant que j’avais une machine à coudre, elle m’a demandé si je faisais de la couture. Je venais d’avoir ma machine et je n’étais pas encore trop familière avec», explique-t-elle.
Shirley Welling lui a dit de prendre une taie d’oreiller et elle lui a montré comment fabriquer une robe. Le projet est né après le séisme de janvier 2010 à Haïti.
Les enfants se promenaient sans vêtements et les petites filles étaient souvent victimes d’abus sexuels. On avait donc décidé de leur faire des robes à partir de taies d’oreillers.
Jackie LeBlanc a embarqué dans le projet sans hésitation. Ses amies, Simonne Dupuis et Eva Landry, de Memramcook et Raymonde Bourque, de Dieppe, se sont aussi engagées dans ce projet.
Depuis 2010, lorsque Jackie revient de son séjour dans le sud, les couturières se réunissent dans sa salle de couture pour fabriquer les robes. Elles en profitent également pour socialiser.
Mais cette année, la pandémie a changé les choses. Jackie n’est pas allée dans le sud. Les couturières n’ont pas pu se rencontrer, mais elles ont continué tout de même à fabriquer des robes chacune chez elle.

Et tout ça, en respectant les mesures de la Santé publique. De son côté, Raymonde Bourque fait ses propres robes en achetant le tissu et tout le nécessaire.
Le groupe de femmes s’engage à faire 100 robes par année qui sont maintenant envoyées dans différents pays en voie de développement.

Après Haïti, ce fut le tour du Guatamela, du Honduras, de Cuba et de certains pays africains à recevoir des robes. On estime que près de 1 000 robes ont été fabriquées depuis 2010.
Dans les cas où plus de 100 robes sont confectionnées dans une année, le surplus est mis de côté pour l’année suivante. Chaque envoi comprend une robe qui est accompagnée de sous-vêtements, de savon et de shampoing.

C’est par l’entremise de l’église Church of Nazarene de Moncton que leurs robes sont envoyées dans différents pays du monde chaque année. L’église identifie des travailleurs humanitaires qui vont les apporter à destination.
Ils les reçoivent en novembre de chaque année lors d’un thé organisé par l’église. Cette année, en raison de la pandémie, les robes ont été exceptionnellement mises dans les boites à chaussures du «Shoe box project».
«C’est un projet que nous pensions faire une seule fois, mentionne Jackie LeBlanc, mais on aime ça et on continue toujours.» Les couturières saluent l’engagement et la motivation de Jackie qui a permis de maintenir le projet si longtemps.
Toutes les participantes au projet s’entendent pour dire que c’est une belle expérience pour chacune. «Ça fait du bien et on pense à ces petites filles qui vont porter nos robes. C’est réconfortant de rendre service à des enfants, ça fait chaud au cœur.»
Et elles ont bien hâte de pouvoir se retrouver régulièrement, de déguster le bon sucre à la crème d’Eva, car la couture, c’est aussi une activité sociale bien appréciée par le groupe d’amies.