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le Vendredi 8 octobre 2021 15:14 Sciences et environnement

À la découverte des plus anciens fossiles d’animaux connus à ce jour

Les monts Mackenzie dans les Territoires-du-Nord-Ouest, près du site où ont été découverts les fossiles. — Courtoisie Elizabeth C. Turner
Les monts Mackenzie dans les Territoires-du-Nord-Ouest, près du site où ont été découverts les fossiles.
Courtoisie Elizabeth C. Turner
IJL LE VOYAGEUR (Ontario) – Une professeure de géologie de l’Université Laurentienne, Elizabeth Turner, pense avoir découvert des fossiles d’éponges datant de 890 millions d’années sur le site d’anciens récifs dans les monts Mackenzie, aux Territoires-du-Nord-Ouest. Ces fossiles seraient plus vieux que tout autre fossile animal trouvé jusqu’à maintenant d’environ 300 millions d’années. Une découverte qui pourrait remettre en question des idées établies.
À la découverte des plus anciens fossiles d’animaux connus à ce jour
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Elizabeth Turner, professeure à la Laurentienne depuis 2005, a publié cette année ses observations dans la revue scientifique Nature.

Dans son article [lien en anglais], elle explique les similarités parmi les structures fossilifères de corps d’éponges découvertes dans les rochers de récif et compare celles-ci aux microstructures dans des fossiles de corps d’éponges beaucoup plus jeunes.

Cette similarité, selon elle, indique que des éponges existaient déjà à cette époque. Donc beaucoup plus tôt que ce que les preuves scientifiques amassées jusqu’à présent démontraient.

Courtoisie Elizabeth C. Turner

La professeure de géologie possédait ces roches depuis son doctorat à l’université Queen’s.

«À l’époque, je ne savais pas exactement ce que je regardais, alors j’ai décidé de le garder pour plus tard», souligne-t-elle. La professeure a décidé que ce serait son projet de pandémie.

Reculons dans le temps

La Terre a environ 4,5 milliards d’années et la vie y est présente depuis longtemps, principalement sous forme de bactéries.

«Nous n’avons pas d’organismes plus complexes jusqu’à il y a environ 1,5 milliard d’années et, par complexe, je veux dire des organismes unicellulaires ou une petite quantité de cellules», développe la professeure.

Les premiers fossiles d’animaux incontestés se trouvent dans une roche vieille de 540 millions d’années. «C’est un grand chiffre, 540 millions, en géologie», explique-t-elle.

Il est généralement admis que les cellules animales datent d’avant 540 millions d’années, mais les preuves manquent. En 1859, «Darwin savait que ce manque de preuves ne correspondait pas à sa théorie de l’évolution, c’était la seule chose dont il avait besoin. C’est ce qu’on appelle le dilemme de Darwin et il est toujours d’actualité aujourd’hui», poursuit-elle.

Courtoisie Elizabeth C. Turner

Si vous regardez l’arbre de vie animal, du point de vue de l’évolution, le type d’animal le plus basique est l’éponge. […] Par conséquent, elles ont peut-être été les premières ; c’est l’inférence la plus logique.

— Elizabeth Turner, professeure de géologie de l’Université Laurentienne

Donc, les éponges sont les choses à rechercher. «Maintenant, nous devons déterminer ce qu’il faut chercher, et où.» Il faudra trouver des roches qui ont des preuves microscopiques de cellules animales.

Cependant, trouver des cellules animales plus vieilles que 540 millions d’années est très controversé, «comme ça devrait l’être en science. J’ai pensé : “Eh bien, je travaille déjà avec des roches qui ont 300 millions d’années de plus que le plus ancien fossile animal trouvé”. Du coup, l’âge proposé de 890 millions d’années n’est plus aussi choquant», ajoute Elizabeth Turner.

Courtoisie

L’importance de la découverte la rend d’autant plus spéciale pour elle. «Alors, j’ai regardé les boutures de roche que j’ai faites et je me suis dit : “Wow, c’est vraiment incroyable si c’est ce que je pense que c’est”», se souvient-elle.

Les monts Mackenzie sont une région éloignée, inhabitée et non développée des Territoires-du-Nord-Ouest. Le risque de contamination des échantillons est minime.

«Il n’y a pas de routes dans ce coin-là du pays. On peut seulement s’y rendre par hélicoptère», souligne-t-elle.

Depuis la sortie de son article, peu de scientifiques ont ouvertement attaqué ses résultats. La majorité reste sceptique et attend d’autres données. D’autres trouvent que les images d’Elizabeth Turner ne sont pas concluantes.

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