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le Mardi 23 novembre 2021 14:24 | mis à jour le 30 novembre 2021 15:10 Francophonie

«Être Acadienne, c’est habiter une langue et une histoire qui regarde vers l’avenir»

Qu’est-ce qu’être Acadien à l’Île-du-Prince-Édouard? <em>La Voix acadienne</em> a posé la question à des Acadiens de tout âge, originaires de l’Île ou venus d’autres provinces, qui parlent le français ou l’ont perdu, mais aussi à de nouveaux arrivants francophones. — Jean-Marc Doiron – Acadie Nouvelle
Qu’est-ce qu’être Acadien à l’Île-du-Prince-Édouard? La Voix acadienne a posé la question à des Acadiens de tout âge, originaires de l’Île ou venus d’autres provinces, qui parlent le français ou l’ont perdu, mais aussi à de nouveaux arrivants francophones.
Jean-Marc Doiron – Acadie Nouvelle
LA VOIX ACADIENNE (Île-du-Prince-Édouard) – Qu’est-ce qu’être Acadien à l’Île-du-Prince-Édouard? La Voix acadienne a posé la question à des Acadiens de tout âge, originaires de l’Île ou venus d’autres provinces, qui parlent le français ou l’ont perdu, mais aussi à de nouveaux arrivants francophones. Katelyn Gill, Acadienne de 26 ans née à Charlottetown, enseignante à l’école François-Buote, partage la vision de son identité.
«Être Acadienne, c’est habiter une langue et une histoire qui regarde vers l’avenir»
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«Être Acadienne, c’est habiter une langue et une histoire qui regardent vers l’avenir plutôt que vers le passé», estime Katelyn Gill.

«C’est appartenir à une communauté vivante qui intègre la richesse et la diversité des nombreux nouveaux arrivants», ajoute-t-elle. La jeune femme veut «moderniser la culture acadienne», que ce soit la musique ou la cuisine, afin d’y intégrer de nouvelles sonorités, de nouvelles saveurs.

Avec une mère francophone acadienne et un père anglophone, l’anglais prédominait à la maison durant l’enfance de Katelyn Gill. Mais scolarisée dès la première année de maternelle à l’école François-Buote de Charlottetown, elle a développé, très jeune, un fort sentiment d’appartenance à la communauté francophone de l’Île.

«J’ai eu l’impression de faire partie d’une grande famille, tout le monde se connaissait», partage-t-elle.

Courtoisie

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«Sensibiliser les anglophones à la valeur de notre langue» 

À l’adolescence, Katelyn Gill a eu la chance de vivre de nombreuses expériences en français à l’extérieur des murs de l’école et de tisser des liens avec d’autres jeunes.

«J’ai réalisé que le français n’était pas seulement une langue d’avantages économiques, qu’on n’était pas les seuls francophones ; qu’il y avait d’autres communautés ici à l’Île, mais aussi ailleurs au Canada et même dans le monde», témoigne celle qui a été impliquée au sein de Jeunesse acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (JAFLIPE).

La Prince-Édouardienne se souvient notamment d’un voyage en terre acadienne en Louisiane alors qu’elle avait 16 ans. Un moment clé où elle a pris conscience de l’importance de se battre pour garder le français vivant dans sa province : «Certains francophones louisianais vivent des réalités très difficiles, ils ne peuvent pas s’épanouir dans leur langue maternelle, n’ont pas accès à des services en français», raconte-t-elle.

Après sa scolarité à François-Buote et des études en éducation à l’Université de Moncton, Katelyn Gill est restée trois ans au Nouveau-Brunswick pour enseigner le français dans des écoles d’immersion.

Je voulais sensibiliser les anglophones dès le plus jeune âge à la valeur de notre langue, pouvoir leur transmettre sa richesse, pour que le français ne soit plus invisible aux yeux des anglophones.

— Katelyn Gill, Acadienne de 26 ans originaire de l’Île-du-Prince-Édouard

À lire aussi : «Être Acadienne, c’est un héritage, mais c’est aussi faire partie d’une communauté plurielle»

Créer des ponts

La pandémie l’a décidée à revenir à l’Île pour être auprès de sa famille. Enseignante de musique et d’anglais à François-Buote, Katelyn Gill s’efforce désormais de créer des liens entre les langues et les communautés.

«Quand on voit des parents unilingues anglophones qui viennent aux activités du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean parce que leurs enfants sont à l’école François-Buote, ça fait plaisir», souligne-t-elle.

La jeune femme reconnait toutefois qu’il est difficile de vivre en français à l’extérieur de l’école et des centres scolaires communautaires : «Je le parle avec quelques amis du secondaire, mais mon univers est principalement anglophone».

Elle reste néanmoins optimiste sur l’avenir de la communauté francophone dans la province : «L’augmentation importante de la population scolaire est très encourageante», observe-t-elle.

L’Acadienne plaide pour que l’Île-du-Prince-Édouard accueille davantage de grands évènements, comme ç’a été le cas pour l’édition 2019 du Congrès mondial acadien (CMA), afin de «susciter de l’émulation et de se rassembler autour d’une fierté commune».

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