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le Vendredi 24 septembre 2021 12:26 Francophonie

Une distinction canadienne pour une francophile d’Iqaluit, Anchaleena Mandal

Ayant grandi au Nunavut, Anchaleena Mandal souhaite y retourner un jour pour travailler dans le système de santé. — Courtoisie
Ayant grandi au Nunavut, Anchaleena Mandal souhaite y retourner un jour pour travailler dans le système de santé.
Courtoisie
IJL LE NUNAVOIX (Nunavut) – Franco-Nunavoise d’adoption, Anchaleena Mandal, étudiante de 3e année à l’Université Queen’s, s’est récemment vu discerner le Prix du Temple de la renommée médicale canadienne 2021.
Une distinction canadienne pour une francophile d’Iqaluit, Anchaleena Mandal
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Chaque année, le Prix du Temple de la renommée médicale canadienne honore un étudiant de chacune des 17 facultés de médecine du pays terminant leur seconde année d’études et se distinguant par leur leadeurship communautaire, leurs compétences supérieures en communication ainsi que par un intérêt marqué pour l’avancement des connaissances.

L’étudiante à la Faculté de médecine de l’Université Queen’s en Ontario, Anchaleena Mandal, originaire d’Iqaluit se voit cette année remettre cet honneur.

La communauté franco-nunavoise est fière de cette jeune femme, qui souhaite faire une différence dans l’avenir de la médecine rurale, et qui est portée par un désir profond de redonner aux communautés du Nunavut.

Un parcours hors du commun

Récipiendaire de la Médaille académique du Gouverneur général, soulignant son excellence scolaire en 2017, Anchaleena Mandal ne cesse depuis de cumuler les honneurs.

En 2019, la jeune femme de 22 ans s’est vu remettre la Bourse Laura Ulluriaq Gauthier, destinée à une personne se démarquant par l’excellence de son parcours académique et par un engagement exceptionnel envers sa communauté.

En 2021, elle a aussi reçu le Prix de leadeurship pour étudiants et résidents en milieu rural de la part de la Société de la médecine rurale du Canada.

Anchaleena Mandal se dit «incroyablement touchée et reconnaissante» envers le Temple de la renommée médicale canadienne pour cette reconnaissance.

Pour moi, ce prix est une validation que je fais du bon travail. C’est un encouragement puissant pour continuer à éliminer les obstacles reliés à l’accès aux soins de santé dans les régions rurales et éloignées du Canada et, en tant qu’alliée, pour continuer de défendre des soins de santé culturellement sécuritaires pour les peuples autochtones et les populations minoritaires, y compris les francophones

— Anchaleena Mandal, Prix du Temple de la renommée médicale canadienne 2021

L’accessibilité des soins de santé au Nunavut

Alors qu’elle faisait ses études secondaires, Anchaleena Mandal contribuait déjà aux soins de santé sur le territoire en fournissant des conseils téléphoniques confidentiels par l’entremise de l’organisme Nunavut Kamatsiaqtut Help Line (NKHL) en plus de travailler avec la banque alimentaire d’Iqaluit et la soupe populaire.

De 2018 à 2021, la jeune femme a également fait partie de l’équipe de direction de conférence de Queen’s sur la santé et les droits de la personne en tant qu’ambassadrice du Nord.

Elle a coordonné à ce titre la présence de deux étudiants inuits en soins de santé du Collège de l’Arctique du Nunavut en plus d’organiser en janvier dernier un panel sur les soins de santé au Nunavut.

Priorisant des valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion, la Faculté des sciences de la santé de l’Université Queen’s a travaillé activement à développer des partenariats améliorant l’accès aux soins cliniques pour les communautés autochtones de la région de la baie James.

«Le travail d’Anchaleena s’harmonise parfaitement avec cette initiative alors que nous travaillons collectivement pour lutter contre les inégalités en matière de santé dans les communautés autochtones du Canada», déclare la faculté.

Faire preuve d’ouverture pour l’amélioration des soins

Dans l’objectif de redonner à la communauté qui l’a élevée et possédant une bonne compréhension du mode de vie, de la culture et des déterminants sociaux de la santé des Inuits et des Nunavummiuts, Anchaleena Mandal souhaite revenir vivre sur le territoire afin d’y exercer sa profession.

«Ayant grandi au Nunavut, j’ai vu comment les membres de ma communauté sont aux prises avec les inégalités sociales, les obstacles à l’accès aux soins de santé et une pénurie aigüe de médecins», déclare-t-elle. Elle explique poursuivre ses apprentissages liés aux autres cultures et langues, afin d’être plus empathique dans ses futurs soins.

Le français étant sa troisième langue apprise derrière le bengali et l’anglais, Anchaleena Mandal se dit consciente de la difficulté de s’exprimer dans une autre langue lorsque l’on se retrouve dans un état de vulnérabilité.

Cela m’a aidée à sympathiser avec les Inuits, les francophones et d’autres populations minoritaires qui ont du mal à accéder aux soins de santé en raison des barrières linguistiques. Être trilingue et avoir été exposée à différentes cultures en grandissant m’a également appris l’importance d’adapter le traitement à la culture et au mode de vie du patient.

— Anchaleena Mandal

Une communauté fière

C’est dans le cadre d’un camp en français tenu durant la Semaine de perfectionnement professionnel des enseignants que Murielle Jassinthe, qui agissait alors à titre de monitrice de langue pour le programme Odyssée, a côtoyé pour la première fois Anchaleena Mandal.

Malgré son âge et le rôle qu’elle y jouait, Anchaleena l’avait alors impressionnée par son calme, son ingéniosité, sa capacité à trouver des solutions ainsi que par la relation qu’elle établissait avec les enfants présents.

«Elle nous avait aidés et avait été d’un grand secours. En plus, comme quelqu’un qui faisait cela de manière bénévole, elle surpassait le professionnalisme de gens qui étaient payés. Elle était vraiment géniale!» s’enthousiasme Murielle Jassinthe, qui ne s’étonne pas de cette nomination.

Sa grande ouverture sur le monde est une autre qualité que Mme Jassinthe a pu observer alors qu’Anchaleena Mandal assistait aux activités du projet « Café de Paris » ; des formations linguistiques en français.

Elle a toujours voulu connaitre toutes les langues officielles du Nunavut pour, par la suite, être en mesure de servir la clientèle hospitalière dans les trois langues.

— Murielle Jassinthe, monitrice de langue pour le programme Odyssée

Jérémie Roberge, directeur général du Réseau Santé en français au Nunavut (RÉSEFAN) a également côtoyé la jeune femme lors de ces activités et estime que cette qualité sera profitable dans l’exercice de sa future profession.

«Cette empathie et cette reconnaissance de la langue de l’autre favorisent l’inclusion de la personne/du patient dans ses soins», estime-t-il.

Selon lui, cette nomination aura des retombées positives pour les étudiants nunavois : «Plusieurs jeunes s’intéressent à la médecine et voir une jeune adulte de chez nous réussir ainsi, ça ne peut être qu’une source d’inspiration. C’est un exemple concret qui montre la détermination de poursuivre ses études postsecondaires à l’extérieur du territoire, mais avec le souci et la conscience des retombées que cela va engendrer au sein de sa communauté une fois les études complétées», conclut Jérémie Roberge.

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