Les mauvaises nouvelles dans les institutions postsecondaires francophones de l’Ontario se succèdent, depuis quelques jours.
À l’Université de l’Ontario français (UOF), où l’on se prépare pour une première rentrée en septembre 2021, le faible nombre d’inscriptions enregistrées en cette période importante de l’année en a déçu plus d’un.
Mardi, l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario (AFO) a envoyé une lettre au ministre des Collèges et des Universités, Ross Romano, pour plaider en faveur de l’UOF et pour souligner que même si tout le monde espérait des chiffres supérieurs, «il serait grandement prématuré de tirer la sonnette d’alarme».

«Nous croyons que les chiffres des premières inscriptions ne peuvent pas être considérés comme un indicateur fiable du rendement de l’UOF. Après tout, l’institution a dû attendre à la mi-octobre 2020 pour mettre en œuvre son plan de recrutement et elle a subi les contrecoups de la pandémie ne pouvant pas rencontrer directement les étudiantes et les étudiants», a notamment écrit son président, Carol Jolin.
Effectivement, le gouvernement Ford n’a approuvé les programmes de l’UOF que le 7 octobre 2020, empêchant ainsi l’établissement d’en faire la promotion avant cette date.
Lundi, la démission du recteur André Roy, celui qui devait devenir le visage de l’établissement et qui n’y aura finalement passé que quelques mois, a eu l’effet d’une bombe.

La même journée, l’éprouvante situation financière à l’Université Laurentienne, à Sudbury, a mené ses dirigeants à entamer une procédure de restructuration sous supervision judiciaire en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
«Quelle sombre journée!» a déploré sur Twitter la politologue Stéphanie Chouinard.
D’ailleurs, elle et plusieurs autres experts de la francophonie ontarienne se sont dits inquiets pour l’éducation postsecondaire en Ontario français.
À la lumière de ces échecs, les Franco-Ontariens devraient-ils craindre de nouvelles coupes du gouvernement Ford?
Pas pour l’instant.
«Notre gouvernement continuera de travailler directement avec nos partenaires pour soutenir la communauté franco-ontarienne tout au long de cette pandémie et pour favoriser le développement économique francophone», a fait savoir une porte-parole du ministère des Affaires francophones, Natasha Tremblay.
Le gouvernement ne s’en cache pas : ces deux universités francophones sont importantes pour le développement économique de l’Ontario.

Le bureau de la ministre Caroline Mulroney assure que le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford «comprend à quel point les programmes francophones de l’Université Laurentienne jouent un rôle important dans l’épanouissement de la communauté franco-ontarienne».
Le ministère note aussi que cette université contribue fortement à l’économie de la région de Sudbury et du nord de la province, et que son impact est ressenti partout en province, au pays et même à l’international.
La ministre Mulroney et le ministre des Collèges et des Universités «continueront de travailler ensemble afin de soutenir la communauté franco-ontarienne et de promouvoir le rayonnement des établissements postsecondaires francophones et bilingues».
Le gouvernement a nommé un conseiller spécial pour fournir des recommandations au ministre Romano concernant la situation financière de l’Université Laurentienne.
Le conseiller offrira également ses avis sur la gouvernance et les processus actuels de planification stratégique de l’Université Laurentienne, a précisé Natasha Tremblay.
«Notre gouvernement demeure engagé à créer l’Université de l’Ontario français et nous avons hâte de travailler avec elle pour faire de l’UOF un établissement de classe mondiale», a-t-elle conclu.