C’est un «moment historique», ont convenu plusieurs des intervenants, dont le recteur de l’Université de l’Ontario français (UOF) Pierre Ouellette, qui est historien et dit ne pas utiliser ce mot à la légère.
Fête de l’UOF
L’évènement festif comportait son lot de discours des principaux responsables de la réalisation du projet, mais aussi le dévoilement d’une murale, la traditionnelle coupure du ruban, une performance de danse autochtone et l’interprétation de l’hymne franco-ontarien Notre Place par des chanteurs et musiciens d’écoles des conseils Viamonde et MonAvenir, futurs clients de la nouvelle université.
Les quelque 150 étudiants de la première cohorte inscrits à ses quatre programmes de baccalauréats et à ses microcertificats proviennent presque tous de l’extérieur de la province, voire de l’extérieur du Canada. Cette année, ils ne se côtoient que virtuellement, grâce aux nouvelles technologies d’enseignement à distance.
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Par, pour et comme
Selon Pierre Ouellette, l’UOF est un établissement «par et pour… et comme» les Franco-Ontariens, c’est-à-dire «qui ressemble» à sa communauté. Or, à Toronto et de plus en plus partout en Ontario, la communauté francophone provient de tous les horizons géographiques et culturels.

Le chancelier Paul Rouleau, tout récemment nommé, a rappelé que la justification du projet d’université de langue française à Toronto tient à «un petit bout de phrase».
L’Article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, dit-il, reconnait le droit à l’éducation «dans des établissements de la minorité». Le «de la» confirme que la minorité doit gérer ses institutions. Et les «établissements» en question ancrent la langue minoritaire dans son environnement socioéconomique.
Parcours semé d’embuches
La nouvelle ministre fédérale des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, comme les ministres provinciales Caroline Mulroney (Affaires francophones) et Jill Dunlop (Collèges et Universités), a souligné le parcours semé d’embuches du projet dont on célèbre l’aboutissement cet automne.
Suspendue à la fin de 2018 par le nouveau gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario, l’UOF a été réanimée en septembre 2019 grâce à une entente fédérale-provinciale de 126 millions $ sur huit ans.

«Vous avez suscité un mouvement de solidarité partout au pays», a lancé la ministre Petitpas Taylor. «Aujourd’hui, nous célébrons votre victoire.»
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L’UOF «structurante»
Mme Mulroney a qualifié l’UOF d’initiative «structurante» pour la francophonie. Tandis que Mme Dunlop se réjouit que les quatre programmes de l’UOF s’intègrent aux 425 programmes postsecondaires francophones de la province qui veulent répondre aux besoins de l’économie.
Déjà, l’UOF a des relations privilégiées avec l’Université de Hearst et l’Université de Sudbury. L’Université d’Ottawa offre encore le plus grand nombre de programmes en français. Et à Toronto, le campus bilingue Glendon de l’Université York est établi depuis plus de 50 ans.
Dans la pandémie
La présidente du Conseil de gouvernance de l’UOF, Dyane Adam, qui porte le projet depuis cinq ans et qui a été la plus chaudement applaudie, a rappelé que la construction de l’édifice où loge l’UOF a la particularité d’avoir été «commencée et achevée dans la pandémie».
Que l’UOF soit installée dans la capitale économique du pays est un exploit en soi.
«Bâtir une université de toutes pièces est un privilège rare.» La présidente a salué la cinquantaine d’experts qui ont travaillé à la conception de ses programmes «transdisciplinaires», la quarantaine de professeurs et de gestionnaires qui sont «le cœur» de l’établissement, et ses premiers étudiants qui lui ont fait confiance et qui en seront éventuellement «les meilleurs ambassadeurs».

Croissance de la francophonie torontoise
Dans quelques années, a aussi fait valoir le recteur, quatre Franco-Ontariens sur dix habiteront à Toronto et dans le Centre-Sud de l’Ontario. C’est la région où la francophonie connait la croissance la plus importante. Le défi pour l’UOF sera d’y installer «une tradition d’éducation universitaire» chez les francophones.
«L’UOF servira à coup sûr à dynamiser davantage la présence francophone dans la région du Grand Toronto, mais aussi à l’échelle provinciale», selon le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin. «Nous l’avons voulue, nous l’avons eue!»
«J’ai la certitude que l’Université de l’Ontario français deviendra l’épicentre communautaire d’une francophonie active et vibrante au cœur de notre capitale provinciale.»