«J’ai beaucoup d’espoir parce qu’on a tous les signes politiques qui semblent indiquer que c’est la voie qu’on veut suivre pour prévenir l’exode de nos étudiantes et de nos étudiants», annonce Serge Miville. Il entrera en poste avec un mélange d’excitation et de nervosité devant la tâche qui l’attend.
Contacter des étudiants qui ont perdu leur programme à la Laurentienne a d’ailleurs été sa première action. Comment garder ces jeunes leadeurs dans la région? Trouver la réponse à cette question sera son objectif au cours des prochains mois.
Je sais que les ministres [Caroline] Mulroney et [Ross] Romano veulent trouver des solutions pour le Nord de l’Ontario et pour le fait français. Et nous, on va leur offrir des solutions qui vont leur permettre de garder les jeunes ici.
[NDLR À la suite d’un remaniement ministériel la semaine dernière, Jill Dunlop remplace Ross Romano comme ministre des Collèges et des Universités.]
L’Université de Sudbury (UdeS) aussi bien que la Coalition Nord-Ontarienne pour une université de langue française demandent le transfert de tout ce qui se faisait en français à l’Université Laurentienne. Ils aimeraient que ce changement soit fait pour la rentrée de septembre, mais il reste très peu de temps.
Ce détail ne semble pas empêcher Serge Miville de passer à l’action. «On va tout faire. Trouver des solutions créatives s’il le faut. Tout est possible. On est une université indépendante. Il n’y a plus de contraintes. On va explorer des partenariats, de la collaboration, on va trouver une façon et on va travailler jour et nuit là-dessus pour s’assurer qu’on garde ces jeunes.»
L’avenir de l’éducation de son fils de 10 mois lui sert aussi de motivation.
C’est le temps d’agir
«Les astres sont alignés, c’est le temps de foncer. La communauté est 100 % derrière nous. Je n’ai jamais vu une communauté aussi unanime autour d’un projet», avance l’historien qui a étudié les crises et revendications de l’Ontario français.
Selon lui, même la communauté anglophone commence à accepter la vision des francophones pour leur éducation.
Il n’oublie pas non plus les Autochtones, qu’il compte appuyer dans le respect pour la création de leur propre institution postsecondaire. D’ailleurs, John Meehan continuera d’offrir son aide dans ce dossier.
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Il croit que le choix du conseil des régents de l’UdeS lance «un signal fort» quant à l’institution qu’ils veulent bâtir.
J’ai proposé une vision d’une institution collaborative, coopérative, qui partage les ressources, qui partage les expertises, qui donne des expériences aux étudiantes et aux étudiants, qui cherchent à être un point d’intégration et d’ancrage pour la diversité, qui cherche à être une institution qui va donner de la fierté aux gens… et ça fait tellement longtemps qu’on la veut.
«M. Miville est un excellent successeur pour la réalisation de notre mandat. Son dynamisme, son leadeurship positif, ses aptitudes et sa vision sont en parfaite harmonie avec les ambitions de notre université», déclare le président du conseil des régents, Pierre Riopel, par voie de communiqué.
Choisir son nid
Serge Miville a accumulé de l’expérience en gestion à travers différents comités et conseils d’administration. Jusqu’à tout récemment, il était le directeur de l’Institut franco-ontarien (IFO).
Il était également titulaire de la chaire de recherche en histoire franco-ontarienne avant la disparition du Département d’histoire de la Laurentienne. Il est très actif comme défenseur des droits des Franco-Ontariens depuis le «jeudi noir» de 2018 ; ses textes ont été publiés dans de grands quotidiens canadiens et américains.
Il reconnait que le titre de recteur comprend un niveau de responsabilités bien différent, mais croit qu’il est temps de «faire un changement de génération» pour apporter de nouvelles idées.
Il a quand même pris le temps de réfléchir avec sa famille et ses amis avant de soumettre sa candidature. «Pour moi, ce qui est important par-dessus tout, c’est que le projet se réalise. Ce n’est pas à propos de moi, c’est à propos de la communauté et de l’institution».
Il s’est demandé : «Suis-je la meilleure personne pour réaliser ce projet-là? Parce que si je ne suis pas la meilleure personne, je ne veux pas ce poste.» La bonne équipe en place, l’appui de la communauté et les signes positifs venant du gouvernement l’ont encouragé.
Serge Miville a depuis longtemps pris la décision de demeurer à Sudbury. Cet objectif n’a pas changé lorsqu’il a été mis à pied. C’est chez lui et il ne veut pas partir (et il n’aime pas déménager). «On aime Sudbury et on aime l’opportunité que la ville offre à tout le monde.»
Il est également convaincu que c’est l’endroit idéal pour permettre aux jeunes francophones de s’épanouir. «Dans la ville de Sudbury, tout est possible, parce qu’il y a plein de choses à faire. Tu peux encore créer un festival, tu peux rêver à construire une Place des arts, tu peux faire une compagnie de théâtre… Tu peux tout faire à Sudbury.»
C’est aussi pourquoi il a l’intention de rester à l’Université de Sudbury aussi longtemps qu’on voudra de lui. «Je veux prendre ma retraite à l’Université de Sudbury», dit-il.
À 35 ans, Serge Miville a presque égalé Dominic Giroux pour le titre de plus jeune recteur d’une université canadienne.