En septembre, l’université prévoyait un déficit 2020-2021 de 5,9 millions $. L’institution termine finalement l’année avec un surplus de 1,1 million $, mais doit composer avec près de 2,3 millions $ de déficits accumulés.
La chute d’inscriptions internationales liées à la pandémie n’a pas été aussi forte qu’anticipée et les abandons causés par l’apprentissage en ligne ont été très limités, se félicite le recteur et vice-chancelier, Denis Prud’homme.
L’Université de Moncton a aussi bénéficié d’une subvention surprise de 2,5 millions $ de la province dans le cadre d’un programme de langues officielles en enseignement. Autre élément positif, le déficit projeté pour 2021-2022 est passé de 2,8 à 2,3 millions $.
Reste que ce redressement se fait dans la douleur. Au cours de la dernière décennie, l’université acadienne a sabré entre 25 et 30 millions $ dans ses dépenses, explique Denis Prud’homme. Toutes les facultés, tous les services ont été mis à contribution.
«Ça implique le non-remplacement d’employés et de professeurs après le départ à la retraite. On les remplace par des chargés de cours ou des professeurs à contrat [non permanents]», décrit-il.
Les professeurs ressentent l’impact partout : réductions de matériel, de soutien administratif, du nombre de professeurs par programme, de fournitures de laboratoires, d’investissements en nouvelles technologies. On maintient l’essentiel.
Sur 10 ans, 88 postes ont été supprimés et on compte désormais une cinquantaine de postes non permanents. Ce régime de rigueur risque de se poursuivre aussi longtemps que la province refusera de financer adéquatement l’éducation postsecondaire. Sa contribution n’a progressé que de 0,7 % par an au cours des dernières années.
«Entre l’inflation et les hausses de salaire, nos charges augmentent de 3 à 4 % par année», expose le recteur, qui parle d’un «déficit structurel».
Pas de scénario similaire à la Laurentienne
L’Université de Moncton pourrait-elle suivre la trajectoire de l’Université Laurentienne, qui a éliminé 69 de ses programmes la semaine dernière? C’est ce que redoute la nouvelle présidente de la Fédération des étudiantes et étudiants du campus de Moncton (FÉÉCUM). Mathilde Thériault rappelle que la population étudiante a subi deux augmentations successives de 8 % des frais de scolarité au cours des deux dernières années.
Nous sommes un peu inquiets. Sans financement adéquat, c’est dans les poches des étudiants qu’on va chercher le manque à gagner.
Denis Prud’homme écarte un scénario similaire à celui vécu dans le nord de l’Ontario. «Notre situation est différente, l’Université Laurentienne avait une charge hypothécaire très élevée liée à ses infrastructures. Ce n’est pas notre cas. Nous avons pris des décisions année après année pour réduire notre déficit.»
«Sans augmentation des subventions provinciale et fédérale, nous serons à risque avec le temps», reconnait toutefois le recteur. L’institution devra poursuivre les efforts de restructuration de ses programmes, et il n’est «pas impossible» que certains d’entre eux — moins prisés par les étudiants — disparaissent, prévient M. Prud’homme.
«Cela ne veut pas dire que les disciplines seront supprimées. Elles pourraient être mises à profit dans le cadre d’un programme interdisciplinaire qui susciterait plus d’intérêt, évoque-t-il. Notre premier choix n’est pas de couper des programmes, c’est de développer une structure qui permette de maximiser l’offre de programmes.»
Pour faire face au déclin démographique, l’Université de Moncton entend miser plus que jamais sur le recrutement à l’extérieur du pays. Des négociations sont en cours avec le gouvernement provincial pour la création d’un programme de bourse pour les étudiants internationaux en sciences infirmières et dans d’autres secteurs prioritaires pour le Nouveau-Brunswick. Rappelons que les droits de scolarité des étudiants étrangers s’élèvent à 12 713 $, soit près du double de ceux des étudiants canadiens.