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le Vendredi 21 mai 2021 11:57 Arts et culture

Du nouveau pour la communauté inuite de Winnipeg

Qilak, la galerie principale de Qaumajuq, le Centre d’art inuit au Musée des beaux-arts de Winnipeg. — Lindsey Reid
Qilak, la galerie principale de Qaumajuq, le Centre d’art inuit au Musée des beaux-arts de Winnipeg.
Lindsey Reid
IJL LE NUNAVOIX (Nunavut) – C’est dans un objectif d’amélioration du bienêtre social, mental et émotionnel de la communauté inuite de Winnipeg qu’ont décidé de s’associer le Musée des beaux-arts de Winnipeg et Tunngasugit. Alors que l’annonce des diverses initiatives est accueillie favorablement par la communauté inuite de la capitale manitobaine, des voix s’élèvent au Nunavut afin d’obtenir un plus grand accès à leur art.
Du nouveau pour la communauté inuite de Winnipeg
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Le nouveau Centre d’art inuit du Musée des beaux-arts de Winnipeg (WAG), nommé Qaumajuq qui signifie «c’est brillant, c’est lumineux» en Inuktitut, présente la plus grande collection publique d’art inuit contemporain au monde. L’ouverture de ce pavillon qui met de l’avant la culture inuite a conduit à la collaboration du WAG avec Tunngasugit.

Créé en décembre 2017, Tunngasugit est un organisme offrant des services de première ligne à la communauté inuite de Winnipeg, en permettant de faciliter leur transition vers un environnement urbain tout en exerçant les valeurs traditionnelles inuites.

«Le partenariat du WAG avec Tunngasugit s’inscrit dans l’esprit de réconciliation. Avec l’ouverture de Qaumajuq, le WAG est honoré de redonner à une communauté qui a partagé sa créativité avec le monde. Nous sommes ravis que la communauté inuite grandissante du Manitoba profite des espaces de Qaumajuq et nous sommes impatients de développer plus de programmes ensemble», déclare le Dr Stephen D. Borys, directeur et chef de la direction du WAG.

Courtoisie du Musée des Beaux-Arts de Winnipeg

S’allier dans le respect de la culture inuite

Les échanges entre les deux organisations ont débuté il y a environ un an. «Lorsque le WAG a commencé à tenir des consultations communautaires spécifiquement avec la communauté inuite, il était évident qu’un partenariat avec Tunngasugit était une solution naturelle. Nous l’avons donc rendu plus formel en mettant sur pied un protocole d’entente en collaboration», explique Nikki Komaksiutiksak, directrice générale de Tunngasugit.

Cette collaboration correspond aux lignes directrices prônées par Tunngasugit : «Il est important que la communauté inuite ait un lien avec le plus grand centre d’art inuit au monde. Avoir une représentation a toujours été un aspect important pour moi lors de l’établissement de relations et de partenariats», affirme-t-elle.

«Avant la pandémie, nos conversations en partenariat provenaient d’une observation des besoins avec la communauté inuite, d’autant plus que le WAG a l’habitude de faire franchir ses portes à des gens de la classe moyenne ou supérieure qui ne sont pas Inuits. Nous savions donc tout de suite que nous devions travailler ensemble pour découvrir comment nous pouvions rendre Qaumajuq plus accueillant pour la communauté inuite», ajoute la directrice.

Ainsi, le WAG s’engage à faciliter l’utilisation de Qaumajuq par les membres de Tunngasugit afin qu’ils puissent y recevoir des cours en Inuktitut. Il fera aussi en sorte de faciliter le transport sur une base régulière entre les deux endroits pour la communauté inuite.

De plus, les deux organisations travaillent à établir une façon de faire qui permettra de faciliter régulièrement les visites de galeries en Inuktitut.

Ce sont les besoins exprimés par la communauté inuite qui orienteront ensuite les projets. «Le partenariat est ouvert à d’autres initiatives : journées familiales pour les Inuits, camps culturels ; tout ce que la communauté inuite aimerait voir», explique Julia Lafreniere, gestionnaire des initiatives autochtones au WAG-Qaumajuq.

Courtoisie du Musée des Beaux-Arts de Winnipeg

Un partenariat profitable pour tous

Cette collaboration a des impacts positifs pour les Inuits, mais les retombées toucheront également la population générale : «C’est également bon pour les non-Inuits de Winnipeg, car les initiatives d’éducation seront dirigées par des Inuits», poursuit Julia Lafreniere.

Nikki Komaksiutiksak soutient que la communauté inuite du Manitoba a été négligée dans le passé et qu’elle est à présent ravie d’être représentée.

«Le fait que Tunngasugit soutienne la connexion avec le WAG par l’intermédiaire de Qaumajuq profitera à la communauté inuite ainsi qu’à Winnipeg dans son ensemble», indique-t-elle.

Calvin Lee Joseph, Courtoisie du Musée des Beaux-Arts de Winnipeg

L’accessibilité à l’art au Nunavut

Depuis mars 2021, l’exposition inaugurale INUA est présentée dans la galerie principale de Qaumajuq. Composée d’une multitude d’œuvres d’artistes de partout dans les territoires inuits, elle rallie l’ancien, le moderne et le contemporain.

Jessica Kotierk, conservatrice au musée Nunatta Sunakkutaangit d’Iqaluit, a récemment déclaré s’inquiéter de l’accessibilité qu’ont les Inuits du Nunavut à leur art. Elle affirme que le fait que les œuvres soient exposées à Winnipeg représente un obstacle au public nunavois et a qualifié la situation de «déchirante».

La direction du WAG se veut, quant à elle, rassurante à ce sujet : «Nous avons un partenariat officiel et permanent avec le gouvernement du Nunavut concernant sa collection et sa programmation des beaux-arts. Le défi actuel est la pandémie, mais avec notre programmation virtuelle, nous espérons rendre la collection plus accessible aux gens du Nord», détaille Julia Lafreniere. L’exposition INUA est disponible virtuellement jusqu’en décembre 2021.

Depuis 2016, le WAG héberge la collection d’art inuit du gouvernement du Nunavut en attendant qu’une installation soit créée sur le territoire pour pouvoir l’exposer.

Cette collection contient un peu plus de 8000 œuvres conçues sur une période de 70 ans par des artistes inuits de partout à travers le Nunavut.

«Étant donné que la collection est prêtée au WAG-Qaumajuq, le plan est que les œuvres d’art retournent un jour chez elles dans le Nord», conclut-elle en spécifiant que, d’ici là, les œuvres seront conservées soucieusement conformément au traité 1 signé par les peuples autochtones du Manitoba.

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