Aux yeux d’Éric Barrette, producteur et animateur de la série, Assis Devant constitue le tout «premier balado francophone consacré à l’histoire de l’Ontario».
Cette première saison s’articule autour de cinq épisodes. Les deux premiers, consacrés à L’Affaire Gouzenko (sous-titrée «La guerre froide aurait-elle débuté à Ottawa?») et à L’Ordre de Jacques Cartier (présenté comme «une société secrète au service des Canadiens français»), viennent d’être mis en ligne cette semaine sur diverses plateformes (Spotify, Google Podcast, YouTube, Facebook).
On peut les découvrir ici.
Autres épisodes
Deux autres épisodes seront lancés au cours des prochaines semaines ; ils se pencheront sur les sources thermales de Caledonia Springs, dans l’Est ontarien, puis sur l’homme d’affaires ottavien Robert Campeau (1923 –2017), magnat de l’immobilier, devenu un «géant de Wall Street» dans les années 80, avant de faire faillite en 1990…
Sa firme, Campeau Corp., a construit 25 000 maisons à Ottawa ainsi que le complexe Terrasses de la Chaudière, dans l’ancienne ville de Hull, retrace Éric Barrette : «Dans les années 80, c’est devenu le deuxième plus gros groupe de vente au détail après Sears».
C’est donc une des plus grosses faillites de l’histoire du Canada, et même des États-Unis, poursuit-il. Suite à quoi, on n’entendra plus guère parler de «Robert Campeau, qui a pratiquement disparu de l’espace public ; il a fini avec une pension de 70 000 $, et il est mort dans l’oubli» – et c’est aussi cette partie-là, beaucoup moins documentée, qui a intéressé Éric Barrette.
Vue d’ensemble
Son objectif est moins d’enquêter que de colliger des faits historiques, et d’en proposer un résumé synthétique de «15 à 20 minutes par épisode», au sein d’un récit chronologique ou semi-chronologique dynamique.
«L’idée, c’est que auditeur puisse avoir une vue d’ensemble» du dossier.
Peu de documentation retrace «d’un point de vue “linéaire” [le trajet de] Robert Campeau, à part pour son aventure aux États-Unis. C’était beaucoup de recherches ; remettre tout mettre ça ensemble, c’est un travail de 70 heures», illustre-t-il.
Le cinquième épisode, en cours de production, traitera du conflit de travail meurtrier qui a bouleversé Reesor Siding, dans les années 60, au point de diviser longtemps cette ancienne communauté franco du Nord de l’Ontario.
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Les sujets traités au fil des épisodes d’Assis devant doivent avoir «une portée nationale», et pas seulement locale, précise M. Barrette. Assis Devant «met de l’avant des histoires riches et peu connues», argue l’animateur, qui a déjà beaucoup de sujets en tête pour les éventuelles saisons suivantes…
«J’ai envie d’aborder des histoires insolites, ou de naviguer entre les deux, le sérieux et le loufoque», de façon à pouvoir séduire un public plus large.
Il évoque par exemple le cafouillage autour de l’œuvre d’art commandée par la Ville d’Ottawa pour honorer Jack Purcell, un bâtisseur communautaire d’Ottawa. Érigée en 2014, l’œuvre représente des raquettes, car les artistes avaient fait une erreur, pensant devoir honorer l’athlète Jack Purcell, champion du monde de badminton… quant à lui né à Guelph, et non à Ottawa.
Michel Prévost
N’étant pas lui-même historien, il a approché l’historien gatinois Michel Prévost pour l’épauler. Ce dernier avait d’ailleurs consacré son devoir de maitrise au sujet de Caledonia Springs, rappelle M. Barrette.
Lui œuvre en animation culturelle au sein du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO). Ce «communicateur» a longtemps animé des magazines culturels – notamment les quelque 200 émissions de Sous-sol 819, sur les ondes de CHUO (avec Cindy Savard, qui ira ensuite fonder le webmagazine culturel Le Pressoir), en plus de signer des chroniques à Unique FM et aux Malins, a micro d’ICI Radio-Canada Ottawa-Gatineau.
Le titre de sa série balado, Assis Devant, renvoie au fait que chaque épisode est rehaussé d’une poignée de photos. «Le concept, c’est qu’on part d’une image.» Une image «fixe». Un lieu, le plus souvent.
Si ces illustrations — que les auditeurs trouveront sur les pages Instagram et Facebook d’Assis Devant, ou dans le montage des épisodes diffusés sur YouTube — «viennent appuyer le récit», elles permettent surtout d’aider à «réaliser que plusieurs histoires se cachent derrière des lieux anodins qui nous entourent», suggère Éric Barrette.
Pour l’épisode un, l’image de départ, c’est un bloc appartement qui peut sembler anodin, le 511 Somerset West, et devant lequel on passe sans se douter «des évènements historiques qui se sont joués là», dit-il en référence au fait qu’il fut le refuge d’un personnage central au récit d’espionnage de L’Affaire Gouzenko.
Éric Barrette signe l’enregistrement, la réalisation et le montage de cette série audio dont le matriçage a été confié à Jean-Philippe Levac, du groupe de rock Pandaléon. La société de production de M. Barrette, Altesse Production, était auparavant une agence de gérance et de booking qui s’occupait des intérêts d’artistes émergents… dont Pandaléon.
Deux scripts-éditeurs repassent en arrière pour solidifier le tout, tandis que son complice Julien Lavoie, photographe professionnel, a la responsabilité des illustrations.