Cette création est adaptée de sa bande dessinée éponyme de l’artiste sourde Tiphaine Girault, d’Ottawa-Gatineau. Originaire de France, elle est diplômée du programme de BD de l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI, affiliée à l’Université du Québec en Outaouais).
Avec cette «œuvre plurielle», Tiphaine Girault souhaite sensibiliser le public au concept de «phonocentrisme», c’est-à-dire la tendance à faire fi de la surdité au sein de la «pluralité identitaire». Un terme que «connaissent très bien les membres de la communauté francosourde d’Ottawa», estime le Théâtre Tremplin.
En langue des signes, le mot «signécologie» exprime «l’intersectionnalité», explique le Tremplin ; le terme renvoie aux «différentes facettes identitaires d’une personne de la culture Sourde» et explore «comment toutes ces identités minoritaires interagissent entre elles».
Le spectacle sera diffusé gratuitement (contributions volontaires acceptées) sur la page Facebook du Théâtre Tremplin le 11 mars à 19 h. La vidéo sera ensuite disponible sur la chaine YouTube de la compagnie théâtrale.

La pièce retrace le parcours de vie de Tiphaine Girault, dont la famille a émigré de France vers le Canada. «La Signécologie» traite de «l’adaptation» aux nouvelles cultures, non seulement franco-canadiennes, mais également à la culture sourde, au sein même de la francophonie.
L’œuvre est encore «en chantier», précise l’équipe de création. Le texte et l’adaptation de la BD sont signés Thiphaine Girault, qui a été soutenue par Lionel Le Houiller (à la direction artistique) et Paula Bath (dramaturgie). La création est interprétée — en français et en langue des signes québécoise (LSQ) — par Karine Bénard.
Spill Propagation
La Signécologie est présentée en collaboration avec le centre d’artistes Spill Propagation, dont la mission est «d’imprégner les pratiques artistiques avec les langues des signes pour produire un art critique et développer une recherche créative».
La structure vise la «déconstruction du phonocentrisme». L’organisme encourage, à travers la création artistique, la «décentralisation des langues parlées et écrites au profit des langues des signes et de l’expérience visuelle».
Très impliquée dans la communauté artistique d’Ottawa, Tiphaine Girault a participé à de multiples ateliers liés à la culture sourde ; elle a ainsi collaboré avec l’Office national du film (ONF) et le Musée des Beaux-Arts du Canada, entre autres. En 2020, elle a pris part à l’exposition collective Rhythmscape présentée à la Galerie d’art d’Ottawa. L’enregistrement vidéo du poème Rien n’est Impossible — qu’elle a écrit et interprété en LSQ — a été diffusé en 2010 au Toronto International DEAF film & Arts Festival.