Or, à la veille du premier anniversaire de la pandémie de COVID-19, de moins en moins de permis d’études sont accordés aux étudiants internationaux désirant poursuivre leurs études au Canada.
En 2019, un total de 401 440 permis d’étude ont été délivrés ; en 2020, ce nombre a chuté à 257 900.
Selon le document Éducation des immigrants d’expression française à l’extérieur du Québec (2016), «de 45 % à 60 % des immigrants d’expression française vivant à l’extérieur du Québec avaient obtenu leur grade le plus élevé au pays» en 2011. Les immigrants d’expression française à l’extérieur du Québec sont plus susceptibles que les immigrants non francophones d’avoir fait des études postsecondaires au Canada.
En effet, en 2011, environ 51 % de la population immigrante d’expression française vivant à l’extérieur du Québec avait immigré au Canada avant l’âge de 25 ans – principalement dans le cadre de leurs études.
Une fois installés pour leurs études, ces immigrants ont ensuite la possibilité de décider de demeurer dans les communautés francophones du Canada pour y travailler. La mobilité des étudiants internationaux contribue d’une certaine façon à la croissance de l’immigration dans les communautés francophones des neuf autres provinces du Canada.
La réponse des universités face à la pandémie
En raison de la pandémie, de nombreuses universités ont interrompu leurs programmes d’échanges internationaux à l’automne 2020 et à l’hiver 2021, afin de protéger la communauté étudiante du virus. Ce fut notamment le cas de l’Université de Montréal et de l’Université d’Ottawa.
L’Université de Montréal a prolongé la suspension des séjours d’échange pour les étudiants étrangers jusqu’au 31 aout 2021. Cela fera donc plus d’un an que les étudiants étrangers ne peuvent plus venir étudier dans le cadre d’échanges universitaires, et ce dans plusieurs universités du Canada.
De plus, malgré que certaines universités aient maintenu l’accueil des étudiants internationaux inscrits à des programmes réguliers au semestre d’automne 2020, l’enseignement s’est fait essentiellement à distance puisque les frontières canadiennes sont restées fermées jusqu’à la fin octobre 2020 pour les étudiants internationaux.
Bien que les frontières soient ouvertes pour les étudiants détenteurs d’un permis d’étude, l’accès au Canada reste soumis à une quarantaine stricte, ce qui peut démotiver certains étudiants à faire le pas.
De plus, les cours en ligne ne permettent pas de profiter de l’enseignement canadien à sa juste valeur, ce qui pourrait pour le moment démotiver d’autant plus les étudiants francophones à s’inscrire à des programmes d’études au Canada.
Pourquoi la mobilité étudiante des immigrants d’expression française est-elle importante pour le Canada?
Les étudiants étrangers ont un impact sur l’économie du pays. Un rapport présenté en 2020 par la firme Canmac Economics Limited à Affaires mondiales Canada établit que de 2015 à 2018, le nombre d’étudiants internationaux venus étudier au Canada a augmenté de 50 % ; en 2018, ils étaient 686 855.
Par le fait même, de 2015 à 2018, les dépenses annuelles totales des étudiants internationaux ont augmenté, passant de 12,6 milliards $ en 2015 à plus de 22,3 milliards $ en 2018.
Ces dépenses ont soutenu directement et indirectement 218 577 emplois au Canada en 2018, ce qui représente une
augmentation de 56,1 % par rapport à 2015. Les revenus fiscaux tirés des dépenses des étudiants internationaux sont passés de 2,3 milliards $ en 2015 à 3,87 milliards $ en 2018, soit une augmentation de 60,8 %.
La contribution économique des étudiants internationaux au Canada en 2016 a été estimée à 11,1 milliards de dollars américains, relate également le rapport de la firme Canmac Economics.
En plus des importants gains économiques que ces étudiants étrangers procurent au Canada, les chiffres dévoilés plus haut démontrent clairement, selon nous, que les étudiants d’expression française promeuvent considérablement la francophonie à travers le Canada et sensibilisent les Canadiens nés au pays à la deuxième langue officielle de leur pays.
Les mesures plutôt protectionnistes du Canada, en réponse à la pandémie, nuisent aux efforts mis en place depuis les années 2000 par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux dans le but de promouvoir la mobilité étudiante francophone au Canada.
Célia Saunier et Mathilde Trigaux, étudiantes – Université de Montréal