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le Mardi 5 octobre 2021 16:04 Société

Démystifier la santé sexuelle au Nunavut

En 2018, le Nunavut présentait les taux les plus élevés de chlamydia et de gonorrhée au pays. — Reproductive Health Supplies Coalition – Unsplash
En 2018, le Nunavut présentait les taux les plus élevés de chlamydia et de gonorrhée au pays.
Reproductive Health Supplies Coalition – Unsplash
IJL LE NUNAVOIX (Nunavut) – Afin de souligner la Journée mondiale de la santé sexuelle qui avait lieu le 4 septembre dernier, l’organisme Pauktuutit Inuit Women of Canada a lancé de deux nouvelles ressources concernant la santé sexuelle chez les femmes inuites.
Démystifier la santé sexuelle au Nunavut
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Créés sous la direction et l’expertise du Réseau national de santé sexuelle des Inuits, deux nouveaux outils, Ikajurniq et Uuktuutit, ont récemment été produits par Pauktuutit Inuit Women of Canada dans l’objectif de surveiller et de maintenir la santé sexuelle dans l’Inuit Nunangat ainsi que dans les centres urbains.

Représentant l’ensemble des femmes inuites canadiennes, Pauktuutit travaille, entre autres, à favoriser une plus grande sensibilisation aux besoins des femmes inuites. Bien que de plus en plus de ressources et de programmes reliés à la santé sexuelle soient disponibles au Nunavut, beaucoup de travail reste à faire afin que celles-ci soient connues et utilisées par la population nunavoise.

Le caractère distinctif de la santé sexuelle chez les femmes inuites

Par l’aspect unique des réalités vécues, la santé sexuelle des femmes inuites se différencie de celle des femmes non inuites, tant en milieu urbain qu’éloigné. Selon Rebecca Kudloo, bien qu’il soit important de travailler à l’élimination des ITSS, le traitement et la santé sexuelle des Inuits vont bien au-delà de la maladie.

«Non seulement les femmes inuites — en particulier celles de l’Inuit Nunangat — rencontrent souvent des obstacles pour accéder aux services de santé en raison de l’infrastructure et des ressources de santé limitées, mais lorsqu’elles y ont accès, les services ne sont souvent pas adaptés à la culture», explique-t-elle en déplorant du même coup le fait que tant de femmes inuites doivent encore quitter leur communauté et parcourir des centaines de kilomètres pour accoucher.

Selon l’organisation Pauktuutit, la transmission d’informations demeure un enjeu majeur pour l’atteinte d’une meilleure santé sexuelle.

Pauktuutit a organisé des groupes de discussion avec des femmes inuites et des fournisseurs de services et, ce que nous avons entendu, c’est que les femmes inuites ne sont souvent pas conscientes de leurs droits en ce qui concerne les options de soins de santé sexuelle et reproductive et le consentement éclairé.

— Rebecca Kudloo, présidente de Pauktuutit

Une offre grandissante de ressources

C’est pourquoi Pauktuutit place l’amélioration de la santé sexuelle chez les femmes inuites comme l’un de ses champs d’action prioritaires.

«Pauktuutit milite pour plus de programmes et de ressources en matière de santé sexuelle depuis près de 40 ans. Alors que Pauktuutit a créé de nombreuses ressources sur la santé sexuelle telles que Tukisiviit : Do you Understand Naturally Curious et ChecKUp! il reste encore beaucoup de travail à faire pour promouvoir et surveiller la santé sexuelle dans les régions», affirme Rebecca Kudloo.

Les deux nouvelles ressources destinées aux fournisseurs de soins de santé, aux décideurs et aux chercheurs, sont disponibles sur le Web et seront également distribuées dans toutes les régions du Nunavut.

Ikajurniq 2021 lève le voile sur l’augmentation du taux d’ITSS, s’expliquant par un manque de littératie en matière de santé sexuelle et à une réticence d’une grande partie des Inuits à en discuter. Il explique également que le manque d’infrastructures, de programmes et de soins adaptés aux Inuits entraine une réduction des diagnostics et donc, des traitements des ITSS.

Pour ce qui est du second outil, Uuktuutit, il aborde les indicateurs de la santé sexuelle propres aux femmes inuites, aux communautés ainsi qu’aux expériences vécues et se penche sur des indicateurs sexospécifiques, fondés sur les distinctions qui affectent la santé sexuelle.

Le Barreau du Nunavut, qui a collaboré avec Pauktuutit pour leur plus récent projet d’accès à la justice pour les victimes de violence familiale au Nunavut, soutient pleinement ces nouvelles initiatives.

«La Loi sur les droits de la personne du Nunavut garantit l’égalité des chances aux Nunavummiuts de jouir d’une vie bien remplie et féconde qui facilite le développement et le bienêtre de toutes les personnes de la collectivité. Ces initiatives sont certainement un pas vers l’atteinte d’une vie de qualité pour toutes les femmes inuites», déclare le Barreau du Nunavut en indiquant au passage que les connaissances et la sagesse de Pauktuutit ont également été inestimables dans le cadre du lancement réussi de leur campagne de sensibilisation conjointe Break the Silence.

Les ressources sur le territoire

Avec les taux les plus élevés de chlamydia et de gonorrhée au pays en 2018 et un taux enregistré en 2004 de 24 % de naissances concernant des mères de moins de 19 ans alors que la moyenne nationale est de 4 %, le Nunavut présente un portrait inquiétant de la santé sexuelle de sa population.

En réponse à ces problèmes, le ministère de la Santé du gouvernement du Nunavut a créé une variété de ressources sur des sujets liés aux relations saines, aux relations sexuelles à moindre risque, au consentement et au contrôle des naissances, en plus de rendre disponibles des fournitures sexuelles dans toutes les collectivités du Nunavut et de prodiguer de l’enseignement en matière de santé sexuelle.

Bien que le gouvernement territorial rende accessibles ces diverses ressources via les centres de santé, les écoles du Nunavut et sur le site Web de santé sexuelle «Je me respecte», il est conscient que cela demeure un sujet difficile à aborder pour de nombreuses personnes.

La Journée mondiale de la contraception qui a eu lieu le 26 septembre a été l’occasion pour le ministère de la Santé de rappeler à la population les ressources disponibles via la publication de communiqués de presse et sur ses médias sociaux.

«En normalisant les discussions concernant la santé sexuelle, les Nunavummiuts se sentiront plus à l’aise de poser des questions et d’accéder aux ressources nécessaires pour mener une vie sexuellement saine. Le ministère de la Santé continue de créer de nouvelles ressources en santé sexuelle pour répondre aux besoins des Nunavummiuts», informe Danarae Sommerville, spécialiste des communications au ministère de la Santé du gouvernement du Nunavut.

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