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le Vendredi 1 octobre 2021 15:10 Société

Une nouvelle prison axée sur la guérison au Nunavut

Le nouveau Centre correctionnel d’Aaqqigiarvik, situé à Iqaluit, a été inauguré le 8 septembre dernier. — Gabrielle Poulin
Le nouveau Centre correctionnel d’Aaqqigiarvik, situé à Iqaluit, a été inauguré le 8 septembre dernier.
Gabrielle Poulin
IJL LE NUNAVOIX (Nunavut) – Inauguré le 8 septembre dernier, le nouveau Centre de guérison correctionnel d’Aaqqigiarvik promet d’offrir un environnement plus positif pour les détenus ainsi que pour son personnel.
Une nouvelle prison axée sur la guérison au Nunavut
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Construit au cout de 89,5 M$ et possédant une capacité d’accueil actuelle de 96 lits, le Centre de guérison correctionnel d’Aaqqigiarvik vient remplacer l’ancien Centre correctionnel de Baffin (CCB), construit en 1986.

Ce nouvel établissement, dont la construction a débuté en mai 2019, est mieux adapté pour les employés et pour les prisonniers. Il offrira un cadre et un environnement plus sécuritaire, en plus d’être davantage approprié au point de vue culturel que son prédécesseur en utilisant, entre autres, l’inuktitut pour la nomenclature des différents espaces.

La publication d’un rapport du Bureau du vérificateur général du Canada relevait en 2015 la présence de plusieurs lacunes au CCB, tant au niveau de la sécurité que des conditions de vie des détenus.

À l’époque, le document avait incité le ministère de la Justice du Nunavut à planifier la construction de ce nouveau Centre.

Un environnement propice à la guérison

L’établissement à sécurité moyenne et maximale qui pourra accueillir jusqu’à 112 détenus, selon sa configuration, comprend cinq unités résidentielles séparées, un gymnase, un poste de soins infirmiers ainsi qu’un espace pour les ainés.

«J’aimerais remercier le Comité consultatif des ainés pour sa contribution au choix du nom du Centre et pour avoir veillé à ce qu’il soit adapté à la culture de nos clients. Le mot “aaqqigiarvik” signifie “un lieu de soutien pour progresser dans la vie”, traduisant notre espoir que ce centre deviendra un lieu où les clients pourront suivre le chemin d’une vie plus saine et sans crime», a déclaré George Hickes, ministre de la Justice du gouvernement du Nunavut, lors de la cérémonie d’inauguration.

Pendant la phase de construction, les employés des services correctionnels ont pu visiter à plusieurs reprises le nouvel établissement qui offre, entre autres, une plus grande capacité de séparer les populations de clients par classification de sécurité, une augmentation du nombre de lits, davantage d’espace et des conditions de vie plus adéquates, ainsi qu’un environnement plus sécuritaire pour les détenus, les employés et les bénévoles.

«Tant le personnel que les clients avaient exprimé leur enthousiasme à l’idée de quitter le CCB pour le nouveau Centre de guérison correctionnel d’Aaqqigiarvik. La nouvelle installation offre un environnement plus sain et sécuritaire, avec un accès accru aux programmes et services, ainsi qu’un lieu qui favorise la guérison et l’apprentissage», résume Mark Witzaney, directeur des politiques et de la planification au ministère de la Justice du gouvernement du Nunavut.

Alors que les détenus ont emménagé dans le nouveau centre le 3 septembre dernier, la deuxième phase du projet qui vise la rénovation de l’ancien centre afin d’en faire un espace de programmation, des bureaux et une nouvelle cuisine s’amorcera au courant de l’automne. 

L’inuktitut à l’honneur

Le ministère de la Justice a travaillé à ce que les connaissances traditionnelles soient intégrées au Centre. Ce sont donc des appellations en inuktitut qui y désignent les différents espaces.

En tant qu’engagement envers notre comité consultatif des ainés, et conformément à la législation linguistique, le ministère de la Justice s’engage à soutenir l’utilisation de l’inuktitut comme principale langue vivante dans nos lieux de travail et dans notre vie quotidienne au Nunavut.

— Mark Witzaney, directeur des politiques et de la planification au ministère de la Justice du gouvernement du Nunavut

Des problèmes qui perdurent

Par ses audits législatifs, le Bureau du vérificateur général du Canada contribue à améliorer la gestion des programmes publics et la reddition de comptes au Parlement.

Lors de la présentation de son rapport d’audit en 2015 à l’Assemblée législative du Nunavut, Michael Ferguson, vérificateur général du Canada, avait décrié de graves préoccupations au sujet de l’état du CCB, qui étaient soulevées depuis des décennies et qui n’étaient toujours pas prises en compte.

Il avait également soulevé le manque d’espace approprié dans les établissements du Nunavut.

Le 9 septembre dernier, le Bureau du vérificateur général du Canada a remis à l’Assemblée législative du Nunavut les résultats d’un audit de suivi, qui visait à examiner les progrès réalisés par le ministère de la Justice quant aux recommandations formulées dans le rapport de 2015.

Nous avons constaté des progrès dans certains secteurs, notamment un plus grand nombre de places disponibles pour les hommes détenus. Toutefois, le Centre correctionnel pour femmes du Nunavut n’était pas adapté aux besoins pour ce qui est de la capacité.

— James McKenzie, directeur principal responsable de l’audit

Toujours selon l’audit, la plupart des problèmes reliés à la réadaptation des personnes détenues et au bon fonctionnement des établissements correctionnels persistent.

La Direction des services correctionnels ne dispose d’aucun plan de gestion des ressources humaines afin de surmonter les difficultés de recrutement ainsi que le maintien en poste du personnel.

«Il est important que le ministère règle les problèmes soulignés dans le rapport s’il veut pouvoir instaurer un système correctionnel sûr et sécuritaire qui favorise la réinsertion sociale des personnes détenues», affirme James Mckenzie.

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