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le Vendredi 13 août 2021 21:10 Francophonie

Florian Villaumé, mettre la science au service de l’utile

  Courtoisie
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FRANCOPRESSE – Français d’origine, Florian Villaumé a obtenu sa citoyenneté canadienne en 2019, soit 14 ans après être arrivé au pays pour la première fois. Après avoir navigué entre l’Afrique et le Canada, il a élu domicile il y a cinq ans à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador. Son âme scientifique et curieuse est devenue attachée à l’endroit, même s’il reste «à l’écoute d’autres appels éventuels».
Florian Villaumé, mettre la science au service de l’utile
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Florian Villaumé aime les défis, dans le travail comme dans la vie. S’il a quitté Mulhouse, dans l’est de la France, pour venir s’établir au Canada, c’est en raison d’un besoin d’être «toujours stimulé» intellectuellement.

Son premier point de chute a été la ville de Québec, en 2004, où il est demeuré deux ans et demi pour achever sa maitrise d’ingénieur à l’Université Laval,en Mécanique des fluides.

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«Lorsque j’étais gamin, j’ai toujours été inventeur. J’avais même une carte de visite que mon parrain avait créée, et sur laquelle on pouvait lire : “Florian Villaumé, inventeur fantastique, c’est magique, c’est chic”, se rappelle-t-il en riant. Je n’arrêtais pas de fabriquer de petites inventions, j’avais même un laboratoire chez moi… Les sciences m’ont donc naturellement attiré.»

L’ingénierie entre le Canada et l’Afrique

Cette passion va l’amener à travailler avec l’organisme Ingénieurs sans frontières (ISF) Canada dans la foulée de ses études. C’est ainsi que Florian Villaumé passe deux ans en Afrique en tant que volontaire, tout en revenant toujours au moins un mois par an au Canada.

Les deux premières années de son volontariat se déroulent à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, puis à Windou, un petit village au nord du pays, où Florian Villaumé est volontaire pour travailler en tant qu’ingénieur sur des projets divers.

À cette époque, il vit dans une famille résidente du village : «Oui, j’avais des compétences à apporter, mais je voulais aussi apprendre de l’environnement dans lequel je vivais», affirme-t-il.

Au cours de la seconde année, toujours avec ISF Canada, il travaille pour le compte de l’ONG Eau vive dans le but d’améliorer l’accès à l’eau dans les endroits plus reculés du pays.

Toujours en naviguant entre l’Afrique et le Canada, Florian devient chef d’équipe dès la troisième année. Cette fois, son travail se concentre davantage sur l’agriculture : avec d’autres volontaires sous sa direction, ils sont chargés d’accompagner les producteurs agricoles locaux dans la gestion de leur exploitation.

À cette même époque, le premier volontaire local est embauché. Dès lors, sous la gestion de Florian Villaumé, qui s’installe dès 2013 à Toronto, le programme Kumvana d’ISF est créé. Ce programme pour les stagiaires est basé sur la réciprocité, c’est-à-dire les échanges de connaissances entre plusieurs pays d’Afrique et le Canada.

«L’idée était d’identifier les jeunes leadeurs prometteurs avec qui on travaillait en vue de les envoyer au Canada. En effectuant une formation de leadeurship ainsi que des séjours dans des organisations similaires aux leurs en Afrique, ils pouvaient apprendre et faire une analyse de ce qui se fait de bien ou moins bien au Canada», explique Florian Villaumé.

Avoir un impact 

Si Florian Villaumé est fier de ce programme, c’est non seulement parce qu’il a contribué à son développement, mais aussi parce que «ç’a eu un impact au niveau national, car le gouvernement du Canada a ajouté une composante de réciprocité comme [celle du programme Kumvana] pour toutes les organisations de volontaires», explique-t-il.

Aider les autres par son travail est une sorte de mantra pour l’ingénieur : «Je cherche à avoir un impact sur les gens et les communautés», répète-t-il à plusieurs reprises. Le but, fort simple, est de fournir une meilleure qualité de vie aux personnes qu’il sert.

Après dix années remplies de projets et passées à suivre cet objectif, Florian décide de se retirer d’ISF en 2015. Il analyse son départ volontaire avec une certaine objectivité : «Lorsqu’un programme que tu gères est développé, il y a une limite sur l’impact que tu as. Tu deviens alors un gestionnaire.»

En quête de nouveauté, il quitte donc Toronto pour Saint-Jean de Terre-Neuve, où on lui propose de diriger le Centre d’Entrepreneuriat de Memorial (CEM). Cet organisme offre aux étudiants entrepreneuriaux de l’Université Memorial de la formation de base, des conseils, un accès au financement et des mises en relation pour créer des entreprises.

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Si Florian Villaumé occupe ce poste depuis cinq ans, ce n’est pas par hasard : «Ce qui m’a guidé est l’impact que je pouvais avoir. J’ai senti qu’il y avait quelque chose qui voulait émerger dans la communauté, ici [à Saint-Jean], dans l’entrepreneuriat et les startups. […] Je sentais qu’au niveau des étudiants, il y avait des opportunités de les inspirer à l’entrepreneuriat. À ce moment-là, je pensais que ma créativité et mon engagement pouvaient avoir un impact.»

Depuis cinq ans, son équipe et lui ont travaillé avec les étudiants pour comprendre leurs besoins et développer de nouveaux programmes. «On a commencé avec 20 étudiants, on en a aujourd’hui 300 par an auxquels on donne du soutien», se targue le Franco-Canadien avec fierté.

C’est aussi sous sa direction que le stage entrepreneurial, qui permet aux étudiants de passer un trimestre à temps plein à travailler sur leurs idées, a été développé. Ils ont ainsi accès à une bourse de 4 500$ et «peuvent même obtenir des crédits [d’études]!» s’enthousiasme Florian Villaumé. En cinq ans, plus de 130 étudiants ont pu en bénéficier.

Être ouvert aux opportunités

Bien que son travail le passionne, Florian Villaumé a aussi une vie bien remplie en parallèle en tant que membre du conseil d’administration du Réseau de développement économique et d’employabilité de Terre-Neuve-et-Labrador (RDÉE TNL).

Son amour pour le soccer l’occupe aussi passablement : il joue souvent à l’Association communautaire francophone de Saint-Jean (ACFSJ) avec de nouveaux arrivants francophones pour les aider à s’intégrer.

Il ne quitterait la province pour rien au monde, et ce, pour trois raisons : «Tout d’abord, la communauté est soudée. C’est facile de réseauter ou d’avoir du soutien au besoin. Ensuite, le style de vie est tout simplement génial! En cinq minutes, tu es dans la nature et tu t’en prends plein les yeux. Et enfin, parce qu’il y a un avenir pour l’entrepreneuriat, ici!»

Il cite le succès d’une entreprise locale, Verafin, vendue au Nasdaq en novembre dernier pour 2,75 G$. «C’est une anomalie positive! Et ça montre que tu peux construire ton entreprise à partir de n’importe où. Tu  n’as pas besoin d’être dans une grande ville pour réussir.»

Lui et sa famille, qu’il qualifie d’«internationale» puisque sa femme est originaire du Burkina Faso et que ses enfants âgés de 8 et 20 ans ont plusieurs origines, sont heureux notamment parce qu’ils sont proches de la nature.

«Ça apporte vraiment un équilibre et de l’épanouissement. Cela étant, tu ne sais jamais d’où l’appel va venir. Alors je reste toujours à l’écoute d’autres opportunités d’impact, quand je sens que les choses s’accélèrent et peuvent être produites différemment», sourit-il.

Parmi ces «choses», il cite notamment le travail à distance, qui lui permet d’observer le succès de plusieurs jeunes entreprises qu’il soutient. «Ce qui est certain, c’est que je resterai toujours attaché à cet endroit», conclut-il.

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