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le Mardi 20 juillet 2021 11:27 Francophonie

La vitalité de la langue française à l’Île-du-Prince-Édouard a ses défenseurs et ses promoteurs

Les propos mal informés et dénigrants à l’endroit de la collectivité francophone ont suscité de nombreuses réactions de la part de divers organismes porte-paroles provinciaux, régionaux et sectoriels, et de nombreux commentaires d’individus, surtout par l’entremise de Facebook. — Remi Jouan – Wikimedia Commons
Les propos mal informés et dénigrants à l’endroit de la collectivité francophone ont suscité de nombreuses réactions de la part de divers organismes porte-paroles provinciaux, régionaux et sectoriels, et de nombreux commentaires d’individus, surtout par l’entremise de Facebook.
Remi Jouan – Wikimedia Commons
LA VOIX ACADIENNE (Île-du-Prince-Édouard) – Le 2 juillet, le réseau de presse SaltWire, auquel appartient le quotidien The Guardian de l’Île-du-Prince-Édouard, a publié dans son édition en ligne une lettre sous la rubrique «Guest Opinion», dans laquelle un ancien résident de l’Île tire à boulets rouges sur la vitalité francophone de l’Île. Ces commentaires ne sont pas passés inaperçus dans la francophonie prince-édouardienne.
La vitalité de la langue française à l’Île-du-Prince-Édouard a ses défenseurs et ses promoteurs
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Les propos mal informés et dénigrants à l’endroit de la collectivité francophone ont suscité de nombreuses réactions de la part de divers organismes porte-paroles provinciaux, régionaux et sectoriels, et de nombreux commentaires d’individus, surtout par l’entremise de Facebook.    

Outre la nécessité de corriger les informations transmises dans la lettre, les porte-paroles de la francophonie de l’IPÉ se sont aussi interrogés sur la responsabilité d’un média par rapport aux opinions qu’il publie.  

Dans son «Droit de réponse», publié en français et en anglais le matin du 6 juillet, la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (SAF’Île) n’a pas hésité à s’interroger sur l’éthique de l’équipe éditoriale du média en question qui, en misant sur le «caractère sensationnaliste» des propos pour susciter des réactions, a agi de manière «irresponsable».

«À l’ère des réseaux sociaux et de la toute puissante communication, chacun a voix au chapitre et peut se présenter comme un référent sur un sujet donné ou un spécialiste. Chacun est libre par la suite d’adhérer, de consulter des avis et sources complémentaires pour se forger sa propre opinion. En revanche, le journalisme est une profession. L’équipe éditoriale a une responsabilité et un devoir d’éthique vis-à-vis de la société et de ses lecteurs», dit la SAF’Île dans son droit de réponse.

L’opinion de Claude Forest [auteur de la lettre] à l’égard de la culture francophone de l’Île-du-Prince-Édouard qui, selon lui, n’a pas de futur, a été ainsi publiée par The Guardian dans l’édition du 3 juillet sans aucun contexte, sans aucune donnée probante ou explication justifiant la publication de cette opinion. La publication comme telle de cet article nous amène à nous interroger sur l’intention du journal et le message qu’il veut faire passer.

— La Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard

Opinion invitée?

En anglais, l’utilisation de l’expression «Guest Opinion» laisse supposer que le commentateur a été invité, qu’on a sollicité son opinion sur un sujet quelconque, en d’autres mots, que ce serait une commande.  

Ce que nie catégoriquement Bradley Works, éditeur gérant à SaltWire. Dans sa réponse à une question directe de La Voix acadienne, il a répondu le 7 juillet que son média n’avait aucunement sollicité cette opinion et que son auteur n’avait certainement pas été payé par le média.  

Plus avant, il a écrit : «Comme vous savez, la section des opinions dans un journal est là pour encourager le dialogue et la réflexion sur des dossiers de l’heure. Nous traitons tous les groupes de la même manière. Nous agissons comme un intermédiaire neutre et impartial pour permettre à des gens de participer à un exercice démocratique».

J’encourage quiconque ayant une opinion sur ce sujet à en faire part dans notre section dédiée aux opinions. Nous croyons que ces conversations mènent, ultimement à créer des communautés meilleures. Nous accorderons la même considération à toutes les opinions, même celles qui contredisent M. Forest.

— Bradley Works, éditeur gérant à SaltWire

Et Bradley Works a aussi ajouté que les opinions exprimées par l’auteur d’une lettre «ne reflètent pas nécessairement» le point de vue et les politiques officielles de SaltWire.

Il précise que n’importe qui peut envoyer une lettre sous la rubrique Opinion du lecteur, peu importe ses connaissances du sujet dont il parle. Lorsque l’auteur possède des connaissances et de l’expérience en lien avec son sujet, cela devient une «Opinion invitée».  

M. Forest, dit Bradley Works, parle français, il est éducateur et il a vécu et travaillé dans ce domaine à l’Île-du-Prince-Édouard.  

Dans sa lettre, Claude Forest soutient que le français à l’Île est maintenu en vie de manière artificielle, par des subventions, que les fonctionnaires bilingues ont des primes même s’ils n’utilisent jamais leur français. Il suggère que les parents choisissent d’envoyer leurs enfants à l’école française (ou l’immersion, ce n’est pas clair) pour qu’ils aient de meilleurs emplois plus tard dans leur vie.  

Cette affirmation en particulier a fait réagir la Commission scolaire de langue française (CSLF).  

La CSLF et la SAF’Île réfutent

Pour la CSLF, il est clair que «l’auteur ne comprend pas que pour beaucoup de nos parents, ce n’est pas seulement l’attrait au bilinguisme pour obtenir un emploi qui les motive à inscrire leurs enfants dans nos écoles. C’est aussi l’espoir que leurs enfants et petits-enfants puissent un jour vivre dans la langue de leurs ancêtres».

La CSLF dit aussi que pour le personnel qui travaille dans ses écoles, c’est souvent bien plus qu’un emploi qu’ils viennent chercher : «Ils sont habités par ce même désir de bâtir nos belles communautés acadiennes/francophones. […] Nous vérifions les compétences à l’écrit de tous nos enseignants et de presque tous nos employés. Et non, il n’y a pas un standard quant aux accents de tout un chacun. Ceci fait référence à de vieilles valeurs dépassées qui hiérarchisent la langue française.» 

Nos écoles sont inclusives et ouvertes, comme la société dans laquelle elles se trouvent. Notre personnel fait beaucoup plus que parler français ; il fait vibrer toutes les cultures francophones par l’entremise de programmes, services et activités parascolaires stimulants.

— La Commission scolaire de langue française de l'Île-du-Prince-Édouard

Rejoint par La Voix acadienne via sa page Facebook, Claude Forest a décliné une invitation à expliquer son point de vue disant que : «Je n’ai pas l’intention d’aller plus loin dans mes commentaires…  Bonne journée!».

La SAF’Île réfute quant à elle la conclusion sans équivoque de l’auteur de l’article qui affirme que tout est fait en anglais à l’Île : «Nous souhaitons clamer haut et fort que la culture francophone est bel et bien vivante à l’Île ou ailleurs comme le prouve notamment l’existence des médias, des écoles, des centres de la petite enfance, des bibliothèques, des organismes communautaires, des postes gouvernementaux bilingues».

La SAF’Île souhaite encourager tous les citoyens à s’interroger sur la société qu’ils veulent bâtir et transmettre aux générations futures. Notre communauté est riche, ouverte, inclusive et elle est bien vivante. Évidemment, elle fait face à de nombreux défis comme toute communauté en situation minoritaire, mais elle s’organise et avance. «La communauté acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard nourrit un profond espoir, car elle croit dans les valeurs du Canada», conclut la SAF’Île.

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