«La fierté est tellement importante dans la construction d’un peuple», affirme Léo Piquette. Celui qui a fait de l’identité franco-albertaine son cheval de bataille se rappelle bien sa présence à l’inauguration de la rue Marie-Anne Gaboury, il y a de cela bientôt 33 ans.
Ce nom, mais aussi les colonnes en brique érigées pour souligner l’histoire de cette dame sont des symboles qui injectent de la fierté, un élément capital pour monsieur Piquette.
À l’époque, Francophonie Jeunesse Alberta (FJA) figure parmi les principaux acteurs à l’initiative de ce baptême. Avec l’association Jeunes entrepreneurs francophones (JEF), l’organisme qui représente les jeunes Franco-Albertains avait piloté le Comité du projet.
Paul Pelchat, l’un des fondateurs de FJA, n’était plus actif au sein de l’association dans les années 1980. Il se rappelle que l’administration de la ville tentait de reconnaitre la présence et le rôle des groupes culturels edmontoniens en les mettant littéralement sur la carte.
Loin d’être juste une dénomination, pour Luc Dupont, actuel directeur de FJA, la rue Marie-Anne Gaboury s’inscrit comme une «forme de reconnaissance de la part des élus municipaux de la ville d’Edmonton. Pour dire que “oui, la communauté [franco-albertaine] a un impact sur le développement de la ville”.»

La fierté des jeunes
Les années 80 ont été particulièrement marquantes pour la communauté francophone de la capitale albertaine.
Plusieurs évènements remarqués dans l’espace public ont contribué à l’affirmation de l’identité franco-albertaine : l’ouverture en 1984 de la première école publique francophone, Maurice-Lavallée (à quelques lieux du tronçon qui allait devenir la rue Marie-Anne Gaboury), ou bien la célèbre «Affaire Piquette» de 1987.
Léo Piquette ne peut se contenir lorsqu’il parle des racines profondes de l’ «Affaire Piquette», mais aussi de ses alliés dans cette période où il tentait, plus que jamais, d’affirmer les droits et la légitimité de la francophonie en politique.
Le soutien venait de la jeunesse et non des anciens qui avaient peur, qui ne se tenaient pas debout.
D’ailleurs, le cofondateur de FJA, Paul Pelchat se remémore l’élan d’enthousiasme qui avait pris ses élèves de l’école Maurice-Lavallée lorsque l’ «Affaire Piquette» avait retenti dans la communauté.
«Je suis persuadé que plusieurs jeunes ont été des témoins directs de l’ «Affaire Piquette» et ont participé à la marche devant la Législature. Ils ont affirmé catégoriquement leur identité comme francophones bilingues sur un territoire qui ne les reconnaissait pas publiquement.»
