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le Jeudi 1 septembre 2022 7:30 Art de vivre

Brasseries et distilleries se multiplient à Calgary

Daniel Plenzik (g.) et Jacques Tremblay (d.) ont lancé Bridgeland Distillery en 2019 et produisent environ 12 000 bouteilles de différents spiritueux par année. — Photo : Chloé Liberge – Le Franco
Daniel Plenzik (g.) et Jacques Tremblay (d.) ont lancé Bridgeland Distillery en 2019 et produisent environ 12 000 bouteilles de différents spiritueux par année.
Photo : Chloé Liberge – Le Franco
IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO (Alberta) – En réaction à l’évolution de la législation albertaine, les entrepreneurs passionnés par la production d’alcool se lancent. Du commerce local à l’accueil d’une clientèle toujours plus curieuse, le monde de la bière et du spiritueux vit une nouvelle vague avec des producteurs et des commerçants qui continuent de travailler main dans la main.
Brasseries et distilleries se multiplient à Calgary
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Le credo de Village Brewery, située au sud-est de Calgary, est simple : s’engager pour la communauté. La brasserie artisanale collabore avec de nombreux artistes calgariens pour l’habillage de leurs canettes, mais également pour l’espace de vente et de dégustation, actuellement en rénovation.

«C’est un espace d’art public. On choisit un artiste à présenter et [la brasserie sert de] galerie d’art gratuite pour eux», explique Jeremy McLaughlin, directeur des opérations.

Lors de la fabrication de la bière, il n’est pas rare que tout ne se passe pas comme prévu : défaut de la mousse, mauvais gout causé par les arômes. Il peut parfois y avoir des pertes lorsque la bière ne correspond pas entièrement à ce que le producteur veut.

Dans ces cas, Village Brewery collabore alors avec des entrepreneurs locaux. «On s’est demandé ce qu’on pouvait faire avec [la bière rejetée]. On peut la jeter à la poubelle, mais c’est une grande perte de temps et d’argent pour tout le monde», témoigne ce natif de Colombie-Britannique.

Pour cette raison, la brasserie a décidé de collaborer avec Bridgeland Distillery, un fabricant de whisky et de brandy (cognac) à Calgary. Jeremy McLaughlin explique qu’«en distillant la bière, ils ont capturé tout l’alcool qui avait été produit à partir de la bière». Cet alcool sera ensuite utilisé par la brasserie comme base pour produire leur seltzer, une eau pétillante alcoolisée.

Consultez le site Web du journal Le Franco

Les bières de Village Brewery sont désormais mises en canette pour des raisons écologiques et pour mieux conserver le produit.

Photo : Chloé Liberge – Le Franco

La production de boissons alcoolisées : un grand défi

C’est lors d’un cours sur la distillation qui s’adressait à de futurs entrepreneurs que Jacques Tremblay, fondateur de Bridgeland Distillery, située dans le nord-est de Calgary, a découvert sa passion : la fabrication de spiritueux. C’est aussi lors de ce cours qu’il a rencontré son partenaire d’affaires, Daniel Plenzik.

«Tous les deux, on a pris le cours pour les mêmes raisons : voir si on pouvait faire d’un passetemps notre bizness à temps plein et se renseigner sur l’offre et la demande du marché», se rappelle Jacques Tremblay, Québécois d’origine.

Ils ont réussi leur pari puisque, à peine deux ans après l’ouverture de leur établissement, ils ont remporté le Prix de la distillerie de l’année de 2021 du concours des Alberta Spirit Awards.

Chaque année, le concours des Alberta Spirit Awards récompense les meilleurs spiritueux en se fondant sur cinq critères : le nez, la longueur en bouche, le gout, la finale et l’impression générale.

Alambic en cuivre de Bridgeland Distillery.

Photo : Chloé Liberge – Le Franco

Le travail acharné nécessaire pour réussir en affaires, la Village Brewery le connait bien puisque la brasserie a célébré l’année dernière ses 10 ans. Depuis son ouverture, de nombreuses choses ont changé. «Il y a environ cinq ans, il y a vraiment eu le grand boum [dans le monde brassicole] en Alberta et à Calgary», selon Jeremy McLaughlin.

Cet essor fulgurant s’explique par l’abrogation des règlements par l’Alberta Gaming, Liquor and Cannabis Commission, en décembre 2013, qui définissait la capacité minimale d’une brasserie à 250 000 litres, soit 2 100 barils de bière.

Jeremy McLaughlin, directeur des opérations, travaille à Village Brewery depuis neuf ans.

Photo : Chloé Liberge – Le Franco

«Maintenant, c’est devenu plus accessible pour les gens qui veulent juste rester plus petits», déclare Jeremy McLaughlin. De nombreuses microbrasseries et distilleries artisanales ont ainsi pu ouvrir leurs portes dans la province pour créer leurs propres produits depuis leur atelier.

L’art de la fabrication artisanale

Tout le succès d’une bière ou d’un whisky repose en premier sur le choix crucial des composants.

C’est pour cela que Bridgeland Distillery opte majoritairement pour des ingrédients de l’Alberta ou de la province voisine, la Colombie-Britannique, dont elle distille le raisin pour faire du brandy. Pour la production de whisky, la distillerie achète du maïs, du blé ou de l’orge maltée provenant de l’Alberta.

La Village Brewery partage la même vision d’achat de produits locaux puisque les ingrédients qu’elle utilise viennent majoritairement du Canada : en plus de l’eau des montagnes environnantes, 90 % de l’orge utilisée est cultivée en Alberta.

«Nous accordons une grande importance à la qualité, ajoute le directeur des opérations de la brasserie. Nous voulons utiliser les meilleurs ingrédients tout en étant rentables», car être entrepreneur, c’est aussi respecter les budgets.

Après avoir commencé la production en 2019, Bridgeland Distillery est maintenant prête à sortir son premier véritable whisky. Le Glenbow, nommé ainsi pour faire un clin d’œil au quartier de Calgary où se trouve la distillerie, a en effet été mis en vente à la mi-juillet, ce dont est très fier Jacques Tremblay.

Le malt est une céréale principalement utilisée dans la fabrication de boissons alcoolisées telles que le whisky et la bière.

Photo : Chloé Liberge – Le Franco

«Quand tu commences le bizness, tu te dis que c’est dans tellement longtemps, puis tout passe vite», avoue le fondateur. Le whisky mis sur en marché est un single malt, fait entièrement d’orge maltée et ayant un degré d’alcool de 45 %.

Une distillerie qui souhaite se rapprocher de la communauté

Pour partager sa passion avec des visiteurs, Jacques Tremblay souhaite transformer sa distillerie en économusée, un statut qui permet aux entrepreneurs artisans d’ouvrir les portes de leur atelier afin d’aller à la rencontre du public et de lui faire découvrir leur métier.

En collaboration avec le Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), Jacques Tremblay veut concevoir l’infrastructure nécessaire pour avoir des panneaux et vidéos explicatifs dans les deux langues officielles, ainsi qu’un salon de dégustation pour que les visiteurs en sachent plus sur ce métier passionnant.

En attendant, ce passionné et son partenaire d’affaires proposent des portes ouvertes tous les dimanches après-midi. Ils veulent ainsi créer un lien avec leur clientèle. «Les gens peuvent venir siroter un cocktail, puis faire le tour de l’atelier pour voir comment le spiritueux se fait.»

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