La famille Pasche en a vu du pays au cours des dernières années. La Chine, le Japon, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Mongolie, le Viêt Nam… Ils ont traversé le désert de Sibérie, couché aux pieds de l’Everest, puis résidé au Yukon pendant une bonne partie de la pandémie.
Aujourd’hui, c’est au tour de l’Acadie d’accueillir Xavier et Céline, ainsi que leurs deux jeunes filles, Nayla, huit ans, et Fibie qui vient tout juste d’avoir quatre ans.
Ces deux petites cyclistes baignent dans cet environnement nomade depuis leur naissance. En fait, elles sont nées durant leur voyage, toutes deux en Malaisie. Comme leurs parents toutefois, elles n’en demeurent pas moins de jeunes Suisses. La naissance de ces deux enfants en cours de route, c’est d’ailleurs ce que le couple appelle «l’aventure dans l’aventure».
«Que l’on soit nomade ou sédentaire, être parent est une aventure en soi. Ça bouleverse tout et il faut s’adapter. Comme tous les autres parents, c’est ce qu’on a fait, et dans la situation actuelle je dirais que ça va très bien, qu’on a réussi à trouver un bel équilibre», exprime Xavier, rencontré avec toute sa famille lors de la pause du diner, à Dalhousie.

«On s’habitue à faire une cinquantaine de kilomètres par jour, à dormir sous une tente, aux aléas de la météo. Ce qui épuise le plus, ce sont les à-côtés. Chercher un endroit pour dormir, trouver de l’eau et de la nourriture. Ce n’est pas toujours évident. Mais si on n’aimait pas, on aurait arrêté bien avant de se rendre à 11 ans», explique Céline.
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Séjour en Acadie
Ceux-ci n’ont pas chômé au cours des derniers jours, voire des dernières semaines. Ils viennent à peine de terminer le tour de la Gaspésie dans sa quasi-intégralité. Ils ont franchi la frontière du Nouveau-Brunswick mercredi, passant la nuit à Atholville. Leur tout premier contact avec les Maritimes, avec l’Acadie. Ils se sont donné comme objectif d’atteindre la Péninsule acadienne à temps pour le 15 aout.
«On nous a dit qu’il y avait une grande fête à Caraquet et qu’il ne fallait surtout pas louper ça. Jusqu’à ce matin, on n’en savait rien, mais on est bien content de l’apprendre», lance Xavier.
Effectivement, il y a bel et bien une fête ce dimanche à Caraquet, et il risque d’y avoir beaucoup de bruit dans les rues.
Nos voyages commencent par des pages blanches. C’est l’aventure, et on remplit ces pages au fur et à mesure que l’on avance. On nous dit souvent : il faut absolument voir ceci, allez là-bas. Dans bien des cas, ce sont les plus beaux moments.
C’est d’ailleurs là, en route vers Caraquet, que ces derniers devraient franchir le cap symbolique des 80 000 km parcourus depuis le début de leur périple.
Voyager
Xavier est dessinateur en bâtiment de formation et se spécialise aujourd’hui dans la photographie. Céline, elle, est anthropologue. Les deux se sont rencontrés dans leur pays, en Suisse. Visiblement, ils avaient la même passion pour le vélo, mais aussi pour ce style de vie hors norme.
«Xavier avait comme projet de partir en vélo pour la Nouvelle-Zélande. Et voilà, on est parti. Et en cours de route, on s’est laissé porter par le vent», raconte Céline.
Ça, c’était le premier projet du couple, un projet qui a duré près de cinq ans. Le second, c’est la découverte des grands espaces du Nord. Ils ont traversé le nord du Japon, la Sibérie, la Chine, pour finalement atterrir en Amérique du Nord, plus précisément en Alaska, puis au Yukon.
Tout ça a débuté par un voyage, mais ça s’est rapidement transformé en cours de route en mode de vie. On travaille le long du chemin, on a fondé une famille, on élève nos enfants.
En moyenne, le couple se donne comme objectif de parcourir une cinquantaine de kilomètres par jour. Avec le poids des vélos et les deux jeunes enfants, cette cadence suffit.
«Quand nous étions seuls, on en faisait plus, mais là on s’impose un rythme moins intensif, plus de jours de pauses aussi. On prend davantage notre temps afin de profiter du moment», soutient Céline.
Rouler en pandémie
Ça fait maintenant deux ans qu’ils sont au Canada, un arrêt beaucoup plus long que prévu initialement, mais qui s’explique par un évènement exceptionnel : la pandémie de la COVID-19.
«En principe, on aurait dû compléter notre aventure au Canada l’automne dernier, c’est donc dire que la pandémie nous aura ralentis d’une année. Mais ce n’est pas grave, le Canada était parfait pour passer la pandémie. On a d’ailleurs vécu des moments mémorables ici. Notre premier hiver était dans une petite communauté du Yukon, et c’était magique. Puis on est reparti jusqu’à atteindre le Saguenay où nous sommes restés l’hiver suivant. Encore là, que de beaux souvenirs», relate Xavier, qui n’a pas pris l’accent des «bleuets», mais qui rapporte néanmoins quelques expressions dans ses bagages.
«Les gens ont été extraordinaires avec nous depuis notre arrivée au pays ainsi que tout au long de la pandémie. On ne pouvait difficilement tomber sur un meilleur pays afin de passer à travers la pandémie», ajoute Céline.
La suite
Après le Nouveau-Brunswick, les Pasche prendront la direction de la Nouvelle-Écosse et bifurqueront peut-être vers l’Île-du-Prince-Édouard. D’ici quelques semaines donc, le périple canadien prendra fin. Quelle sera la prochaine aventure?
«C’est une bonne question. On pensait peut-être aller du côté de l’Europe et poursuivre notre périple des grands espaces du nord, donc peut-être l’Islande et la Scandinavie. Sinon, en raison de la saison, opter pour un peu plus de chaleur, soit dans le nord de l’Afrique ou en Espagne. Ça reste à voir. En fait, l’évolution de la pandémie va surement guider notre décision, car dans l’état actuel des choses, c’est difficile de se projeter très loin dans l’avenir», admet Xavier.

Le couple a écrit un premier livre à propos de ses aventures, Nomades au cœur des éléments. Un second ouvrage, cette fois-ci axé principalement sur la photographie, devrait paraitre sous peu. Le couple donnera par ailleurs deux conférences dans la province prochainement, la première au cours des prochains jours dans la Péninsule acadienne et la seconde à la fin du mois à Moncton.
On peut également suivre leurs péripéties par l’entremise de leur site web, qui comprend un carnet de voyage relatant plusieurs leurs aventures.