Laurent et Chrétienne Ladouceur venaient de se marier et ils avaient emménagé à Alexandria dans l’Est ontarien où il y avait quelques adeptes de courses dans le village. Laurent avait un ami qui courait à Cornwall.
«Il était dominant. Il avait un bon budget. La course m’intéressait, mais j’ai un autre ami qui m’avait dit que je ne pourrais jamais le battre. D’après moi, il voulait me décourager plus qu’autre chose.»
Aujourd’hui machiniste, Laurent Ladouceur a voulu mettre cette prédiction à l’épreuve. À 23 ans, il a donc fabriqué sa voiture avec son propre moteur de quatre cylindres pour s’inscrire à Cornwall dans la catégorie mini stock.
«Ma première course, j’ai terminé cinquième. À ma deuxième course, j’ai pris le sixième rang. Le troisième soir, j’ai gagné. J’avais trouvé le bobo! J’avais fait les bons réglages.»
Cette victoire a complètement changé le cours de sa vie familiale. Le couple d’Alexandria a transformé un vieil autobus en minimaison et a commencé à faire la tournée des compétitions un peu partout dans la région, mais aussi au New Jersey, en Pennsylvanie et dans l’État de New York.

Laurent est devenu un grand champion. Au sommet de son art, en 1989, il a été coiffé du titre de «Monsieur Dirt», l’équivalent du championnat national. Son fils, Joey, était son mécanicien.
Joey est tombé dans la course en bas âge. Il a remporté plus de 125 courses en carrière. Il a été multiple champion à Cornwall dans la catégorie pro stock, et participe maintenant avec des voitures modifiées. L’autre fils de Laurent, Lee, n’a peut-être pas autant de victoires, mais il a été plus polyvalent en courant dans plus de divisions que son frère et son père, notamment en sprint où il a été champion.
«On essaie de gagner des championnats dans le plus de divisions possible!», lance Lee, 43 ans.
Et maintenant, il y a la troisième génération qui pousse. Tristan Ladouceur, fils de Joey, mène actuellement le championnat novice Sportsman à Cornwall. Il n’a que 14 ans! Lee a trois enfants. Oui, ils font tous de la course. Hannah, 16 ans, Trey, 15 ans, et Liam, 12 ans, font du go-kart.
47 ans de courses et ce n’est pas fini
«Nous nous sommes mariés il y a 48 ans. Nous sommes dans les courses depuis 47 ans, lance fièrement Chrétienne Ladouceur. Nous faisions de la course trois ou quatre fois par semaine quand les enfants étaient jeunes. J’avais les bébés dans les bras dans les estrades. On se promenait dans notre autobus et on trainait la voiture de course à l’arrière. J’ai toujours été à 100 % derrière mon mari.»
Joey Ladouceur sourit en admettant que le sang de course coule dans ses veines.
«Il y a des familles où le père est chasseur ou il joue au golf. Pour nous, la norme, ce sont les courses. Cette passion pour la course, ça s’attrape plus vite que la COVID! Pour nous, ce n’est pas normal de ne pas être aux courses! On ne sait pas quoi faire le dimanche quand il pleut!»
À 45 ans, Joey Ladouceur n’est pas près d’accrocher sa combinaison de pilote. Son père demeure l’un des meilleurs mécaniciens sur le circuit.
«Mon père est un patenteux. À l’époque, c’est sûr qu’il aimait conduire la voiture pour gagner des courses, mais son plus grand plaisir, c’était de la patenter pour la faire rouler encore plus vite.»
Laurent Ladouceur a gagné des centaines de courses dans sa carrière, qui s’est terminée il y a trois ans. Tristan, 14 ans, est là pour assurer la relève. Il se frotte à des recrues cette saison, mais il a remporté une course et fait quelques podiums comme les illustres membres de sa famille.
Le nom Ladouceur est légendaire dans l’Est ontarien. Ce n’est pas demain la veille que cette réputation va tomber, d’autant plus que grand-père Laurent monte encore à bord des voitures pour s’exercer et vérifier si ses réglages sont optimaux.