Traitant de thèmes comme le favoritisme parental, l’importance de la relation d’attachement ou encore le fait d’élever un enfant bilingue, ÉducoFamille est avant tout un moyen pour Audrey-Ann Deneault de transmettre ses découvertes.
«J’ai eu la chance d’écrire quelques articles en anglais sur The Conversation et j’ai trouvé intéressant de m’engager avec les parents, les familles, et de voir que certains sujets résonnent avec eux. Mais je voyais qu’il n’y avait pas vraiment d’équivalent en français ; La Conversation étant beaucoup plus publicisée au Québec et un peu moins dans le reste du Canada. Je pense aux familles francophones dans l’Ouest entre autres, c’est dommage pour elles d’avoir à aller lire en anglais par manque de ressources en français», relate la chercheuse.
C’est dans cette optique qu’elle a lancé ÉducoFamille en juin 2020, débutant avec une série spéciale sur la fête des Pères. Un choix qui n’est pas anodin, explique la fondatrice de la plateforme : «Un gros problème dans les ressources disponibles actuellement, c’est qu’elles sont très “mamans”. Je me mets toujours à la place des personnes qui ne fittent pas dans ce moule-là, que ce soit des pères ou des familles différentes […] Je trouvais ça important d’avoir un site qui soit un peu plus inclusif», explique Audrey-Ann Deneault.
La chercheuse constate également qu’à l’heure actuelle, les ressources se concentrent beaucoup sur les premières années de vie. «Je trouve que c’est limitant, dans le sens où les parents n’arrêtent pas d’être parents quand les enfants grandissent […] Il y a beaucoup de défis à être un parent de jeune adulte.»

Ateliers en création
À raison d’environ un article par semaine, la candidate au doctorat espère donc monter une ressource qui saura être utile à tous les parents. Pour y arriver, elle prévoit bientôt faire appel à des collègues qui rédigeront des articles spécialisés, par exemple sur la santé.
«J’ai eu des demandes par rapport à ça, donc j’aimerais aller chercher des collaborateurs, notamment dans le domaine de la santé, pour qu’ils puissent écrire des articles plus poussés», explique celle dont les recherches se concentrent principalement sur les relations entre parents et enfants et sur l’influence de ces relations sur le développement des enfants.
Audrey-Ann Deneault est également en contact avec des associations francophones, dont l’Association des parents fransaskois (APF) et le RésoSanté de Colombie-Britannique, afin d’élaborer des ateliers virtuels sur le thème de la parentalité, un projet à plus long terme.
«Les associations de parents trouvent qu’il n’y a pas beaucoup de ressources disponibles, donc elles sont contentes que les familles puissent avoir accès à ça. […] Je pense qu’elles ont un désir, en général, de promouvoir la science en français et de la partager avec les familles, par exemple avec des ateliers», constate la chercheuse.

Ne pas oublier les familles francophones
Native du Québec, Audrey-Ann Deneault a choisi l’Université d’Ottawa «pour étudier en français et en anglais». C’est en travaillant comme page à la Chambre des communes qu’elle a eu ses premiers contacts avec des francophones issus de communautés minoritaires.
«Ça m’a permis d’avoir des contacts avec beaucoup de Franco-Canadiens ; je me suis dit : “Wow, ils sont francophones comme moi!” et j’ai pu être sensibilisée aux défis auxquels ils font face. Ce n’est pas facile de chaque jour choisir de vivre en français quand tout le monde essaye de te forcer à vivre en anglais», raconte celle qui a enseigné à quelques reprises à l’Université de Saint-Boniface et dont le conjoint est Franco-Manitobain.
Audrey-Ann Deneault déplore que les ressources disponibles en français soient généralement axées sur le Québec ou la France. Les services qui peuvent y être proposés sont alors difficilement accessibles aux familles en milieu minoritaire.
«Quand je mets des liens vers des ressources, je m’assure qu’elles soient disponibles à travers le Canada […] C’est quelque chose qui me préoccupe, et c’est pour ça que dans mes recherches je trouve que c’est important d’aller chercher [les familles francophones en milieu minoritaire] pour ne pas qu’elles soient oubliées», ajoute la chercheuse.
Elle invite d’ailleurs les parents à communiquer avec ÉducoFamille pour suggérer des sujets d’articles. «Notre but, c’est vraiment de servir les familles et de leur être utile!» conclut Audrey-Ann Deneault.