
La pandémie a peut-être forcé l’isolement, mais elle n’a pas empêché la créativité. Le Néobrunswickois Danny Boudreau et la Manitobaine Jocelyne Baribeau, de la formation Beauséjour, avaient prévu de rentrer en studio pour enregistrer du nouveau matériel.
Malheureusement, COVID-19 oblige, ils ont dû revoir leur plan. Ils nous offrent plutôt un album de reprises country, Mille après mille, qu’ils ont dû enregistrer chacun de leur côté, dans des studios loin l’un de l’autre.
Leur nouvel opus reprend quelques bons vieux succès, présente quelques trouvailles et offre beaucoup de belles harmonies qui traduisent toute la complicité musicale entre les deux membres de la formation. Du classique Que la lune est belle ce soir de Julie Daraîche au Vent d’été du Fransaskois Jeff Staflund, les orchestrations sont solides et justes. Elles nous hypnotisent du début à la fin.
Parmi la dizaine de chansons retenues sur l’album se cachent de petits bijoux. Le duo arrive par exemple à faire oublier les centaines de versions du classique Mille après mille de Gerry Joly grâce à leur signature harmonieuse qui fait du bien.
Pour la première pièce de l’album, Beauséjour livre une belle adaptation francophone de On the road again, signée Greame Alwrigth et Stephen Waring. L’arrangement a une touche un peu plus folk qui a tout pour plaire!
L’interprétation de la pièce J’entends siffler le train offre un autre moment fort. Ce two-step nous guide sur les pistes de danse tout en berçant nos cœurs au rythme d’une des plus belles mélodies de l’album.
Enfin, la reprise de l’une des chansons acadiennes les plus poignantes, Joe LeBlanc de Ronald Bourgeois, nous fait renouer avec une mélancolie profonde qui déchire le cœur.
L’album Mille après mille de Beauséjour est un autre bel exemple montrant que la distance a peu d’effets sur deux cœurs en symbiose. Danny Boudreau et Jocelyne Baribeau viennent nous toucher au plus profond de notre âme avec leur répertoire, preuve indéniable de la puissance de la musique.
Envoutante sur disque comme sur scène
Au 53e Gala de la chanson de Caraquet qui s’est tenu en aout, Myriam Arseneau a été sacrée lauréate du prix du meilleur artiste auteur-compositeur-interprète. Native de la région de Bathurst au Nouveau-Brunswick, elle s’était inscrite à ce concours pour profiter de la grande vitrine qu’il lui offrait.

La jeune artiste arrive avec une belle proposition musicale tout en douceur. Elle dévoile sa signature sonore sur son EP Je ne parlerai pas fort lancé sur Bandcamp au printemps 2022. Avec sa voix douce, une musicalité folk très mélancolique et une plume près du cœur, elle compose un univers des plus riches.
L’auditeur se laisse aisément interpeler par cette force tranquille et par les arrangements de guitares et piano qui sont éminemment puissants, ce qui crée un velours pour l’oreille.
Le microalbum réunit six chansons planantes. La toute première plage, soit la pièce titre Je ne parlerai pas fort, séduit d’emblée par son folk riche de sonorités appuyant des textes merveilleux.
La livraison de la chanson Café dans le style des années 70 nous accompagne dans un monde des rêves. Les mêmes attributs se retrouvent dans les Jours gris.
Les paroles de Seule dans la nuit sont une complainte, qui encore là nous plonge dans une mélancolie profonde.
L’album se termine par un air paisible qui nous berce tendrement. Calmer l’ouragan est d’une poésie remplie de tendresse qui fait du bien à l’âme.
Un album qui vieillit bien
Il y a sept ans, en 2015, la jeune Émilie Landry se lançait dans toute une aventure, soit celle de se lancer dans une carrière musicale. Un an plus tard, elle sortait un album complet, Tomber dedans, avec son groupe Émilie & Les City Folks. Pour ce premier opus, l’équipe a réussi à créer un petit bonbon pop avec des mélodies intéressantes et des paroles loin d’être rose bonbon.

Dès les premiers accords de Tu pars avec ma tête, le mélomane est séduit par le son de la trompette, qui porte une mélodie douce et accrocheuse. Le charme se poursuit avec Ta photo, un pop rock tout aussi enivrant et fondé sur un autre excellent texte. La compilation est remplie de petites douceurs, comme Décroche et Crains pas ton cœur.
Quant au coup de cœur Maudit poète, il prend la forme d’un blues intéressant pour un des plus beaux textes de l’album. Faire ses nuits est une superbe balade en crescendo sur la perte de l’âme sœur. Aimer sans y penser traite de l’amour avec un grand A, peu importe qu’il soit hétéro ou gai, l’important étant d’aimer et d’être aimé.
Ce magnifique disque se termine avec une bonne chanson pop, Tomber dedans, qui confirme toute la musicalité de cet opus.
Émilie Landry a une plume magnifique, un timbre de voix qui nous envoutant et aujourd’hui, elle compte à son actif plusieurs enregistrements qui nous bercent. L’album Tomber dedans n’a rien perdu de sa fraicheur depuis sa sortie et rappelle qu’il y a encore de la bonne musique qui se crée.
Aujourd’hui, Émilie Landry est bien connue dans son Acadie natale. Il est à souhaiter qu’elle prépare un nouvel album afin de continuer à nourrir son public grandissant.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.