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le Vendredi 5 février 2021 12:08 Actualité

Assimilation Québec inc. (première partie)

  Matthew Kendall, Wikimedia Commons
Matthew Kendall, Wikimedia Commons
FRANCOPRESSE – Lecteurs, tenez-vous bien, je ne suis pas content. En fait, je suis tanné d’entendre et de lire ces petits séparatisses — dixit Jean Chrétien — québécois qui prédisent la disparition des Franco-Canadiens. Qu’il me suffise de montrer du doigt : la Bombardier, le Bloc québécois et le mouvement Impératif français. Ces personnes n’hésitent pas à joindre des groupes en ligne comme «Fier d’être Franco-Ontarien // Fière d’être Franco-Ontarienne» pour venir y distiller leurs inepties. Surtout pour y affirmer que seule l’indépendance du Québec peut sauver la francophonie. Comme on dit, ils devraient nous sacrer patience. Réjean Grenier, chroniqueur – Francopresse
Assimilation Québec inc. (première partie)
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Ces souverainistes louent bien sûr notre résilience face aux forces assimilatrices d’une majorité anglophone. Ils applaudissent notre courage en nous invitant à Tout le monde en parle pour bafouer le méchant Doug Ford qui abolit le poste de commissaire aux services en français de l’Ontario et met en veilleuse la future Université de l’Ontario français.

Mais leur intérêt ne dure pas longtemps et ils reviennent vite à leur leitmotiv : hors du Québec, point de salut.

Le pire dans tout ça, c’est qu’ils ne connaissent pas — ou ne veulent pas connaitre — le rôle important que joue le Québec dans le déclin du français hors de ses frontières. Par exemple, ces petits donneurs de conseils ne parlent jamais du Québec qui s’est maintes fois opposé aux revendications judiciaires des Canadiens français pour obtenir des écoles. Et ils ne se penchent jamais non plus sur le rôle assimilateur joué chez nous par les fameux fleurons de l’industrie québécoise.

Je vis à Sudbury, où nous sommes plus de 40 000 à parler français. Ça, c’est plus de francophones que dans plusieurs petites villes du Québec. Pourtant, essayez de trouver ici un affichage en français dans un Bouclair, un Métro, un Aldo ou un Rona, pour ne citer que ces entreprises québécoises.

Bon, certains me diront que plusieurs de ces commerces ont changé de propriétaires depuis quelques années, mais leurs sièges sociaux sont toujours au Québec et ils ne se gênent pas pour encore se dire québécois. Écoutez leurs publicités.

En fait, ces indépendantistes se fichent complètement de nous. Ils se servent de nous pour mousser leur idéal auprès du peu de Québécois qui partagent encore leur politique chimérique. Ils sont parfaitement heureux lorsque le taux d’assimilation au Canada augmente. Ils peuvent alors dirent à leurs adeptes : «Vous voyez, ils sont en train de mourir».

Or, ça fait plus de 400 ans que nous sommes ici et nous y sommes pour rester.

Je n’ai que peu de recommandations à faire à ces purs et durs de l’indépendance : premièrement, face à l’insouciance des Québécois envers votre parti pris — deux référendums perdus et des sondages qui, depuis 20 ans, indiquent peu d’appui à la souveraineté — vous devriez peut-être réévaluer vos positions.

Deuxièmement, si vous voulez toujours poursuivre votre idéal d’un Québec indépendant — vous y avez évidemment droit — commencez donc par convaincre les vôtres sur le mérite de votre option, mais pas en vous servant de nous.

Si je soulève aujourd’hui cette question, c’est pour démontrer le rôle absolument dévastateur que l’idéologie souverainiste québécoise joue depuis plus de 50 ans sur l’identité des Canadiens français. Ce sera le sujet de ma prochaine chronique.

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